Les enjeux pour le territoire breton

Le développement des carburants alternatifs et de leurs écosystèmes associés est une opportunité pour la Bretagne ! Au-delà des bénéfices environnementaux de ces carburants, l’enjeu est aussi de préparer la compétitivité de la filière du transport avec un carburant alternatif au gasoil.

La facture énergétique est un poste prépondérant dans les bilans économiques. De plus, la possible fermeture d’accès aux grandes métropoles pour les véhicules les plus émissifs représente un risque important pour ce secteur économique majeur en Bretagne.

La Bretagne à travers son potentiel de valorisation de ses ressources a également l’opportunité de réduire sa dépendance énergétique en produisant localement un carburant d’origine renouvelable pour le transport.

Plusieurs solutions vont cohabiter pour basculer vers une solution énergétique autre que le diesel ou l’essence. Au vu de l’importance que représente les secteurs du fret, de la logistique et du transport routier de voyageurs, il est nécessaire de créer des outils pour les accompagner dans leur transition.

Travailler à la transition énergétique du secteur du fret et du transport est crucial pour la Bretagne et son tissu économique.

Repères et chiffres clés

Objectifs régionaux

La Bretagne est concernée en premier lieu par les enjeux de décarbonation des transports et de la logistique industrielle. La consommation de produits pétroliers pèse 47% de l’énergie consommée en Bretagne. 40 TWH dont 70% concerne le transport routier et à 82% du diesel importé. Les transports représentent le deuxième secteur émetteur de Gaz à Effet de Serre (GES) en Bretagne (27% des émissions de GES soit 7 millions de tonnes eq CO2) devant le secteur du bâtiment.

Le SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) breton, adopté en novembre 2019, a défini une trajectoire « Facteur 4 » de réduction de ces émissions. En parallèle, la Région s’est engagée dans la transition énergétique et climatique via la Breizh COP.

Ainsi, il résulte un objectif de diminution d’environ 65% des émissions de GES en Bretagne entre 2012 et 2050, soit une division par 2 des GES en Bretagne à l’horizon 2040 ainsi qu’une multiplication par 5 à 6 de la production d’énergie renouvelable entre 2012 et 2040.

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La consommation de produits pétroliers pèse 47% de l’énergie consommée en Bretagne

Les enjeux sont climatiques, économiques, d’indépendance énergétique et de souveraineté industrielle.

Plusieurs documents stratégiques montrent la volonté de la Région de faciliter le développement des vecteurs énergétiques alternatifs au fossile dans la mobilité :

Le transport en Bretagne, un secteur économique majeur

Entre 2010 et 2015, l’économie régionale a connu une croissance de 1,6% par an, puis 2,5% par an de 2015 à 2019. Cette croissance économique s’est traduite par une hausse constante des importations et des exportations, et donc du transport routier.

Les chiffres de l'évolution du PIB et du transport routier en Bretagne

Source : Bretagne Environnement, chiffres clés, édition 2020

Fin 2018, environ 2 600 établissements exerçaient une activité relevant du secteur des transports en Bretagne. Ces établissements, emploient au 31 décembre 2018 plus de 60 000 salariés dans la région soit 4% des emplois salariés du secteur au niveau national.

A cela s’ajoutent les transports réalisés en propre par les entreprises elles-mêmes : en Bretagne, 51% des emplois de conducteurs sont ainsi exercés par d’autres acteurs que les prestataires transport et 38% des conducteurs de transport en commun ne dépendant pas de la branche du transport routier.

En 2018, environ 23 millions de tonnes de marchandises sont arrivées en Bretagne par la route. La même année, 18 millions de tonnes de marchandises quittaient la région par le même mode. La majorité des flux de marchandises entrants et sortants utilisent le transport routier et sont opérés par des entreprises prestataires (pour compte d’autrui).

En 2018, la majorité des échanges de marchandises, par la route, en provenance ou vers les autres régions concernent les produits agricoles et alimentaires (38,9% des réceptions pour 46,6% des expéditions) et les produits manufacturés (29,4% des réceptions). ORTB, 2019

Parc de véhicules en Bretagne

En Bretagne, 80% du parc de véhicules sont constitués de voitures particulières et 17,5 % de camionnettes et camions. Le parc français a une proportion de camionnettes et de camions un peu plus faible, 1 point de moins qu’en Bretagne.

Parc Véhicules en Bretagne (2019)

Le parc breton – hors voitures – est constitué aux trois quarts de camionnettes. En Bretagne, le parc de camionnettes est proportionnellement moins important (-2,3 points) qu’en France métropolitaine. Viennent ensuite les véhicules automoteurs spécialisés (VASP) essentiellement légers, c’est-à-dire d’un poids inférieur ou égal à 3,5 tonnes (fourgons à température dirigée, camions de pompiers, ambulances, bennes …). Ces VASP représentent 12% du parc de véhicules hors voitures soit 2 points de plus qu’en France métropolitaine.

Mixenn - Quels types de véhicules circulent en Bretagne (Infographie)

Le parc de véhicules électriques (VE) breton (hors hybrides rechargeables et deux roues) est estimé à un peu plus de 8 000 véhicules au 1er janvier 2020, soit environ 3,2 véhicules pour 1 000 habitants. La Bretagne est la quatrième région de France en densité de véhicules électriques par rapport à la population. Sur l’année 2019, les immatriculations de véhicules électriques neufs ont approché les 2 000 unités, alors qu’elles étaient seulement de 30 en 2000 (OEB, édition 2020).

Répartition des vignettes Crit'Air en Bretagne

  • Les immatriculations de véhicules neufs

En 2018, près de 113 000 véhicules neufs ont été immatriculés en Bretagne soit 4 % des mises en circulation de France métropolitaine. Dans la région, 80 % de ces immatriculations neuves concernent des voitures particulières, et 16 % des camionnettes ou camions.

Près de 4 camions sur 10 et 5 semi-remorques sur 10 immatriculés dans la région le sont en Ille-et-Vilaine.

La place occupée par les voitures particulières dans les immatriculations annuelles de véhicules neufs en Ille-et-Vilaine s’avère inférieure à celle observée dans les autres départements de la région.

Nombre d'immatriculations de véhicules neufs en Bretagne (2018)

Source : Mémento sur les transports en Bretagne – édition 2019

La consommation des produits pétroliers en Bretagne

Peu à peu, les secteurs résidentiel, tertiaire et de l’industrie ont substitué les produits pétroliers par d’autres consommables énergétiques. Ce n’est pas le cas du secteur des transports qui représente aujourd’hui 70% de la consommation des produits pétroliers. 37,8 TWh de produits pétroliers ont été consommés en Bretagne en 2019. Les transports routiers en consomment 69% dont 82% sont du gasoil. 1.9 millions de tonnes de gazole sont ainsi vendues chaque année dans la région. Cette situation semble peu évoluer depuis 2013.

Selon, l’Observatoire de l’environnement en Bretagne, on observe néanmoins que la part des agro-carburants (éthanol et EMVH) augmente. Cela représente 7,5% des volumes d’essence et 8% de ceux de gasoil. D’autres formes de carburants progressent également (GNC, superéthanol).

En Bretagne, les émissions énergétiques seules rapportées à l’habitant dépassent de deux fois le « budget » carbone calculé par les experts du GIEC pour contenir les effets du réchauffement climatique à 2°C en 2100. Les émissions de gaz à effet de serre énergétiques, c’est-à-dire, celles liées aux consommations énergétiques finales en Bretagne (hors industrie de l’énergie) sont estimées à 17,6 MtCO2eq. soit 5,3 tCO2eq  par habitant en 2018 (OEB, édition 2020).

Evolution des émissions énergétiques totales

Emissions de GES et de qualité de l’air

Les transports (voyageurs et marchandises) sont, en France, à l’origine de 31% des émissions de gaz à effet de serre : les 33 millions de voitures particulières y contribuent pour moitié, les 530 000 poids lourds de transports de marchandises d’environ 20% et les 6,2 millions de camionnettes de 21%.

Entre 1994 et 2019, les GES dus aux transports ont progressé de 2,7% (+ 0,1% en moyenne annuelle), alors que tous les autres secteurs ont réduit leurs niveaux d’émissions. L’accroissement du trafic, à la fois pour le transport de voyageurs et de marchandises, engendre en effet une élévation des émissions de GES. Or,  l’amélioration de la performance énergétique des véhicules, l’optimisation logistique des professionnels et la diminution du contenu en CO2 des carburants (incorporation d’agrocarburant, électromobilité, etc.) atténuent ces émissions (Chiffres clés du transport, 2021).

Les émissions de CO2 représentent près de 97% des émissions de GES des transports. Elles sont essentiellement dues aux émissions du transport routier (94%). La moitié des émissions de CO2 de l’ensemble des transports (51 %) provient de voitures particulières.

Les solutions d’avitaillement en carburants alternatifs

D’ici fin 2021, la Bretagne devrait compter une vingtaine de stations GNV (Gaz Naturel Véhicules) ouvertes au public permettant un maillage cohérent du territoire malgré son éloignement des corridors européens du transport. La production de biométhane injecté (312 GWH en juillet 2020) et les perspectives à venir sont favorables au développement de la mobilité au bioGNV.

La première station H2 devrait être mise en service fin 2021 à Vannes. L’amorçage de 8 à 10 autres sites du type devraient être accompagné dans les cinq prochaines années au niveau régional. Cependant le développement de la mobilité hydrogène est considérée comme le vecteur énergétique de l’après car la production de la molécule à des coûts compétitifs et le manque d’offre en véhicule lourd ne permettent pas d’envisager un développement important avant plusieurs années.

Au 31 août 2018, les utilisateurs de véhicules électriques disposaient en moyenne en Bretagne d’un point de recharge pour 3,5 véhicules. La région est l’une des mieux dotée de France, avec une forte contribution des syndicats d’énergie départementaux. À titre d’exemple, 103 bornes de recharges « Béa », représentant 75% des stations de recharge en Ille-et-Vilaine en 2018, ont été mises en services par le SDE35. 31 062 charges y ont été enregistrées en 2018, soit un peu moins d’une charge par borne et par jour.

source : Observatoire de l’Environnement en Bretagne, chiffres de l’énergie, édition 2020

Production d’énergie et de carburants renouvelables

La production d’énergie en Bretagne est en évolution constante depuis 2000, notamment avec le développement du biogaz depuis 2015.

Le gaz naturel et le biométhane se posent désormais en carburants alternatifs aux produits pétroliers pour la mobilité routière et maritime. Les stations d’avitaillement en gaz naturel véhicule (GNV) se déploient en Bretagne. La consommation de GNV sous forme comprimée (GNC) représente 32 GWh en 2019.

Initiée en 2015 en Bretagne, la production de biométhane est en plein essor et connaît une très forte croissance.

OEB, 2020

Pour aller plus loin

Données régionales :

Données nationales :