Le Ministère chargé de l’écologie et CCR ont publié un rapport sur la prévention des risques à l’échelle régionale. Il en ressort que les territoires et les infrastructures de transport bretonnes ne sont pas à l’abri des impacts du changement climatique.
Le rapport s’est intéressé aux « catastrophes naturelles », c’est-à-dire les événements naturels causant des dommages couverts au titre du régime d’indemnisation des catastrophes naturelles. Il s’agit ainsi des inondations, des cyclones, de la sécheresse géotechnique (au sens du retrait-gonflement des argiles), des séismes, des mouvements de terrain… Certains phénomènes naturels dommageables n’ont pas été étudiés dans ce cadre, tels que les tempêtes, la grêle, les incendies de forêt ou encore les vagues de chaleur.
Quels risques pour la Bretagne ?
24 % de la population régionale est exposée aux catastrophes naturelles. À contre-courant des représentations habituelles, la sécheresse constitue la première source d’exposition des populations aux catastrophes naturelles avec 1,3 million d’habitants concernés. Avec 700 000 personnes concernées, les inondations constituent la seconde source d’exposition des populations aux catastrophes naturelles. La majorité des personnes exposées l’est au regard des seuls phénomènes de ruissellement avec 560 000 habitants concernés, les phénomènes de débordement de cours d’eau et de submersions marines concernant quant à eux 140 000 personnes. Pour les auteurs, bien que le territoire régional ait été épargné par des catastrophes d’ampleur ces dernières décennies, il n’est pas à l’abri d’événements pouvant faire de nombreuses victimes.
En simulant l’irruption d’un grand nombre d’événements sur une longue période, les modèles développés par les auteurs de l’étude permettent d’estimer une « sinistralité moyenne annuelle modélisée » qui tient compte de la probabilité de survenance de tous les événements, y compris les événements qui ne se sont pas produits dans les dernières décennies. Cette sinistralité modélisée s’élève, en moyenne annuelle dans la région, à 23 M€/an, soit 50 % de plus que la moyenne annuelle des dommages des vingt-cinq dernières années. Cette différence suggère que les inondations et submersions pourraient frapper plus sévèrement la région qu’elles ne l’ont fait récemment, mais aussi que la Bretagne est exposée à des dommages dus aux sécheresses et aux séismes plus significatifs que ceux qu’elle a connus ces dernières années.
Au niveau régional, le coût des catastrophes naturelles liées aux aléas inondations, submersion marine et sécheresse devrait augmenter de 113 % à l’horizon 2050. Sans tenir compte de l’évolution des valeurs assurées, la sinistralité augmenterait de 161 % pour les sécheresses et 109 % pour les inondations et submersions marines. Les inondations de tous types resteraient ainsi le phénomène le plus impactant à l’horizon 2050, représentant 92 % de la sinistralité modélisée annuelle moyenne.
Dommages assurés entre 1995 et 2019
Pourcentage de la population bretonne exposée à au moins un aléa
EPCI concentrant 50 % de la sinistralité historique
Quels territoires seraient les plus vulnérables ?
Une petite proportion des EPCI bretons concentre l’essentiel de la sinistralité historique liée aux catastrophes naturelles à savoir les territoires de Quimper, Quimperlé, Guichen, Morlaix et Châteaulin. Les 5 EPCI représentent 53 % de la sinistralité totale de la période 1995-2019.
En modélisant la sinistralité future, les auteurs ont mis en avant que les territoires touchés dans les vingt-cinq dernières années ne seront pas forcément ceux qui sont statistiquement les plus exposés. Parmi elles, Rennes et Lorient ont été sensiblement moins touchées que leur exposition ne le suggère. À l’inverse, Quimper a été bien plus durement affectée par les catastrophes récentes.
La projection à l’horizon 2050 de l’évolution du climat et de celle de la concentration des biens assurés en zones à risque montre une très forte augmentation dans tous les départements de la région. La hausse du montant des dommages projetée dépasse partout 80 %, et atteint 130 % en Ille-et-Vilaine. Cette évolution devrait accentuer les écarts entre départements : l’Ille-et-Vilaine connaîtrait une exposition 1,5 à 2 fois plus forte que le Morbihan et le Finistère, et plus de trois fois plus forte que les Côtes d’Armor.
Quel impact sur les infrastructures de transport ?
De son côté, l’Observatoire Régional des Transport de Bretagne vient de publier son Tableau de bord régional de la logistique, qui consacre une partie de ses travaux aux questions d’adaptation. Ainsi, le rapport présente notamment les infrastructures de transport exposés à l’aléa submersion. L’analyse de la carte des risques de submersion marine à l’horizon 2050, tenant compte de l’impact du réchauffement climatique sur le niveau de la mer, montre que les infrastructures de transport le long du littoral d’Ille-et-Vilaine et du Finistère sont les plus exposées.
La route et la voie ferrée seraient aussi concernés par les aléas submersion. Ainsi, 72 kilomètres de routes départementales en totalité, dont 13 pour le Finistère et 59 km pour l’Ille-et-Vilaine seraient exposés. Pour le fer, 2,6 km pour le Finistère et 3,1 pour l’Ille-et-Vilaine sont identifiés comme à risque.
Un regard plus détaillé sur les zones exposées en Ille-et-Vilaine indique que le port de Saint-Malo est au coeur de ce risque. Néanmoins, des ouvrages de protection d’une longueur de 65,5 Km arrivent en couverture de ces installations inondables.
À Quimper, en plus des linéaires routiers et ferroviaires, c’est la gare de fret qui semble être exposée à l’aléa de submersion marine, le port étant épargné.
Sources
- La prévention des catastrophes naturelles par le fonds de prévention des risques naturels majeurs – Edition 2023 – Ministère chargé de la transition écologique et de la cohésion des territoires
- Tableau de bord de la logistique en Bretagne – Edition 2024 – ORTB