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Côtes d’Armor : vers une station bioGNC par EPCI

Publié le 18/04/2024

Mardi 16 avril était inaugurée la station bioGNC de Plouagat – Châtelaudren, portée par Bretagne Mobilité GNV 22. L’occasion de faire un tour d’horizon des projets et de la vision de la structure portée par le syndicat départemental d’énergie des Côtes d’Armor

La nouvelle station multi-énergies de Bretagne Mobilité GNV 22 a été inaugurée ce mardi 16 avril 2024, sur la zone de Kerabel à Plouagat – Châtelaudren. Elle se compose d’une station de ravitaillement GNC / bioGNC et de bornes de recharge pour véhicules électriques. Cette station produira également de l’électricité grâce aux deux ombrières photovoltaïques installées sur le site.

Ouverte depuis le 6 mars dernier, la station GNV de Châtelaudren-Plouagat fournit du GNC, du bioGNC et, à terme, du GNC breton issu de la production de biogaz des méthaniseurs locaux.

Quatre pistes de distribution rapides de carburant sont disponibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

En complément de la station GNV, deux bornes de recharge pour véhicules électriques ont été installées : un super chargeur de 184 kW et d’une borne dite « accélérée » de 47 kW (disposant de deux points de charge – soit 24kW par point de charge).

Un projet porté par Énergies 22

La Société d’Économie Mixte (SEM) Énergies 22 porte ce projet via la SASU Bretagne Mobilité GNV 22 (BMGNV22). La SEM Énergies 22, dont l’actionnaire majoritaire est le Syndicat Départemental d’Énergie des Côtes d’Armor (SDE22), entend impulser et accompagner la production d’énergies renouvelables en Côtes d’Armor.

Pour accompagner les transporteurs dans leur transition vers le GNV, la SEM Énergies 22 propose aux professionnels de faire le point pour évaluer leurs besoins et dimensionner leur flotte GNV.

La contractualisation avec Bretagne Mobilité GNV permet aux transporteurs d’accéder à l’ensemble des stations BMGNV. Une carte unique permet de badger pour recharger le véhicule. Un compte client sera débité à chaque passage et un reporting mensuel est envoyé aux entreprises pour suivre leurs facturations. Pour les professionnels, une contractualisation spécifique intégrant l’ensemble du réseau breton (interopérabilité des stations) et la fourniture de badges abonnés sera proposée avec Énergies 22.

La station de Plouagat – Châtelaudren fait en effet partie du réseau de stations GNV actuellement en cours de déploiement en Bretagne, portées par Bretagne Mobilité GNV (BMGNV), association des quatre Syndicats Départementaux d’Énergie bretons via leurs SEM Énergies. 14 stations sont opérationnelles, dont trois en Côtes d’Armor à Dinan-Quévert, Trégueux (Les Châtelets) et, désormais, Châtelaudren-Plouagat. Lors de l’inauguration, David Colin, directeur territorial régional Bretagne chez GRDF a mis avant cette spécificité bretonne : « Je tiens à souligner l’engagement et le dynamisme de BMGNV qui à lui seul est à l’origine de trois quart des stations GNV en Bretagne, et encore plus, le dynamisme du SDE22. »

La station en chiffres

Coût de construction du projet

1 546 942 € HT

Prix du GNC distribué

1.599€/kg TTC

Prix du BioGNC distribué

1.745€/kg TTC

Vers une station bioGNC sur chaque EPCI du département

La station GNV de Châtelaudren-Plouagat se veut un outil pour Leff Armor Communauté, dans le cadre de son Plan Climat Air-Énergie Territorial (PCAET). La communauté de communes prévoit de décarboner sa flotte actuelle de véhicules (bennes à ordures ménagères, véhicules des services techniques…), avec un passage progressif vers le GNV/BioGNV et l’électricité. Pour Dominique Ramard, président d’Energies 22, « il faudra qu’il y ait des véhicules de Leff Armor Communauté qui passe au gaz : les BOM, les véhicules de services…. C’est le meilleur témoignage vis-à-vis des utilisateurs du secteur. »

D’après Vivien Lazuech, chargé de mission GNV et Biogaz à la SEM Energies 22, « le bioGNC est la marche qui nous manque entre le gasoil, le tout électrique et l’hydrogène. Et en plus, nous savons produire du biogaz sur nos territoires ». Un positionnement confirmé par Dominique Ramard : « La semaine dernière au Parlement européen, a été voté le Règlement CO2 notamment pour la mobilité lourde. Nous ne sommes pas tout à fait satisfaits de ce qui s’est passé puisqu’il y a un prisme pro-électrique pour la mobilité qui est à l’œuvre à l’échelle européenne. Il y a une clause de revoyure pour 2027. On espère que d’ici là nos arguments pour la mobilité au gaz et au biogaz porteront. Aujourd’hui, nous avons la technologie la plus mature pour décarboner la mobilité lourde en France et en Europe. Nous pouvons diminuer de 80% les gaz à effet de serre quand on utilise le gaz plutôt que le gazole. C’est la technologie qui est disponible aujourd’hui pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre pour 2030. On ne se le dit pas assez. Les autres technologies vont arriver à maturité en leurs temps. La réalité, c’est que ce sont les moteurs gaz qui permettent de décarboner la mobilité lourde. »

Nous sommes convaincus que, comme il y a urgence climatique, il ne faut pas attendre que les technologies soient matures pour se lancer. Il faut prendre ce qui existe déjà en magasin.

Dominique Ramard, président d’Energies 22

Ce que les utilisateurs semblent avoir compris : « Pour le premier mois de fonctionnement de cette station, on a vendu 8,8 tonnes de gaz sur cette station, ce qui est un bon démarrage », a annoncé Dominique Ramard.

La nouvelle station de Plouagat – Châtelaudren n’est donc qu’une étape supplémentaire vers l’objectif que s’est fixé Bretagne Mobilité GNV 22. « Nous avons l’objectif de faire une station par EPCI d’ici la fin 2026 et je pense que nous allons y arriver », confirme Vivien Lazuech. « Aujourd’hui, nous avons Quévert, Trégueux et Châtelaudren-Plouagat qui vient d’ouvrir. Je suis en train de déposer deux permis de construire pour Lannion et Plouisy », confirme Vivian Lazuech. A Lannion, la station devrait ouvrir courant 2025 et des discussions sont aussi en cours pour l’implantation de stations à Lamballe et Rostrenen, ce qui consoliderait le réseau départemental. 

En complément, BMGNV 22 a récemment repris l’exploitation de la station de Caudan (56).

Une filière en boucle locale

La vision de BMGNV 22 est bien de construire la filière bioGNC en boucle locale. « Nous sommes à 8% de biogaz produit dans les Côtes d’Armor consommé sur le département », rappelle David Colin. « C’est un petit peu supérieur à moyenne bretonne, qui est de 7%, mais c’est surtout un tremplin pour l’objectif 2030. Il s’agit de multiplier par 5 d’ici 2030 pour atteindre les enjeux de décarbonation. Au niveau français, 40% du carburant gazeux consommé est du carburant produit localement et de proximité. Il faut que l’on accélère sur les énergies renouvelables sous toutes leurs formes. Le gaz renouvelable en fait partie ».

Pour consolider le modèle économique, le SDE22 va construire son propre méthaniseur entre Lannion et Plouisy pour valoriser les biodéchets des agglomérations concernées, mais aussi les effluents et les cultures intermédiaires des agriculteurs locaux. « Si l’on veut faire de l’économie circulaire, il faut qu’il y ait une vraie économie sans subvention. Nous travaillons sur des modèles d’économie circulaire, des boucles locales pour alimenter nos stations GNV avec le biométhane du territoire. Nous travaillons en parallèle avec des agriculteurs qui ont des unités de cogénération en fin de vie ».