Retrouvez toute l'actualité Mixenn sur notre newsletter

DB Schenker : Défis et ambitions pour l’électrification notamment dans le Finistère

Publié le 21/02/2025

DB Schenker, leader mondial du transport et de la logistique, est présent dans 130 pays avec plus de 1 850 agences et 76 000 collaborateurs. En France, l’entreprise compte 125 agences et 6 400 employés, dont plusieurs sites en Bretagne (Lothey, Saint-Brieuc, Lorient, Rennes). Engagé pour la neutralité carbone d’ici 2040, DB Schenker accélère l’électrification de sa flotte : en 2025, 66 nouveaux camions électriques Renault Trucks viendront s’ajouter aux 69 déjà en circulation.

Nous avons échangé avec Lionel Azario, directeur de l’agence de Lothey, Tariel Chamerois, Directeur développement durable et livraison urbaine et Joachim Delepine, responsable Qualité, Sécurité, Environnement et Gestion Immobilière, pour mieux comprendre la stratégie globale de transition énergétique de DB Schenker et, plus particulièrement, les ambitions de l’agence de Lothey (29) face à l’arrivée de deux porteurs électriques, les défis et enjeux associés.

Nous avons l’ambition d’être le numéro un mondial de la logistique bas-carbone et pour cela nous investissons massivement dans un mix énergétique adapté. Les camions électriques font partie intégrante de la solution et je suis très fière de cette étape supplémentaire qui nous amène vers la réalisation de nos objectifs ambitieux en matière de durabilité environnementale.

Frédéric VALLET, Président de Schenker France

Mixenn : Dans quelle démarche s’inscrit DB Schenker en termes de mix énergétique ?

Lionel Azario : DB Schenker vise une réduction absolue de 25 % de ses émissions de CO₂ d’ici 2030 par rapport à 2021, tous secteurs confondus. Pour réussir cette transition énergétique, l’entreprise mise sur un mix énergétique bas carbone.

Dans le transport routier, DB Schenker France accélère l’adoption de solutions durables avec l’extension de sa flotte roulant au biocarburant HVO (huile végétale hydrogénée), passant de 240 véhicules en 2024 à 410 en 2025, réduisant ainsi les émissions de CO₂ de 83 %. À cela s’ajoutent 65 camions fonctionnant au BioGNC. Grâce à un mix énergétique combinant électrique, HVO et BioGNC, 610 véhicules bas carbone circuleront d’ici avril 2025, représentant 50 % de la flotte en propre.

Répartition des véhicules à énergies alternatives de DB Schenker

Aujourd’hui, plus de 3 000 communes françaises sont desservies par DB Schenker France par des véhicules bas carbones. Ce chiffre devrait doubler en avril 2025 grâce au déploiement en cours.

De plus, la logistique du dernier kilomètre progresse également avec l’utilisation de triporteurs. L’entreprise est implantée dans 30 villes, dont 4 centres-villes en propre sous sa marque « Les Triporteurs Français ».

Schenker France agit également pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans ses activités maritimes et aériennes, qui représentent respectivement 7 % et 50 % des émissions totales de GES de l’entreprise. L’achat de carburants alternatifs durables a permis de réduire l’impact de l’activité aérienne de 11 % en 2023 et celui de l’activité maritime de 13 % en 2022.

Mixenn : Comment s’est déroulé le déploiement des projets d’acquisition des porteurs électriques au sein des différentes agences, et plus particulièrement dans l’agence de Lothey ?

L.A : Actuellement, cinq agences sont déjà équipées en France de ce type de véhicules, à savoir Blois, Angers, Rouen et Rennes et Lothey dans le Finistère (29).

L’agence a été inaugurée en novembre 2020, en pleine période de COVID. Aujourd’hui, elle compte 56 collaborateurs et assure la distribution de la messagerie sur l’ensemble du Finistère.

Au niveau national, chaque directeur d’agence doit élaborer une politique et un plan d’actions « Green », que ce soit pour la gestion de la flotte de véhicules ou pour l’intégration d’espèces animales sur site, comme des ruches chez nous. La stratégie de déploiement des nouvelles énergies a été élaborée en collaboration avec le siège de Montaigu, en impliquant le service immobilier et achats. Le projet repose sur une dynamique transversale impliquant tous les services et de la volonté des directeurs d’agence.

Pour notre part, le Finistère étant une terre de nature, il était évident de s’associer à ce projet. Et Il convient aussi de mentionner que cette initiative s’inscrit dans le cadre du projet de Zone à faibles Emissions (ZFE) de Brest métropole, qui sera opérationnelle en avril 2025. Dès le lancement de la première vague de déploiement des véhicules électriques, nous avons décidé d’en intégrer un dans notre flotte de 26 poids lourds. Nous avons disposé d’un premier véhicule dès janvier 2024 et avons acquis le second en décembre.

Poids lourd électrique de l’entreprise DB Schenker

Mixenn : Pouvez-vous nous détailler les principales caractéristiques de vos nouveaux porteurs électriques, notamment en termes de capacité de charge, d’autonomie et des technologies embarquées ?

L.A : Le premier véhicule électrique circule quotidiennement dans le centre-ville de Brest, tandis que le second, réceptionné début décembre 2024, est affecté à Pont-l’Abbé, desservant à la fois le centre, la périphérie et les zones rurales. À Brest, la tournée couvre en moyenne 140 km par jour, contre environ 180 km pour Pont-l’Abbé. Ces porteurs disposent d’une autonomie d’environ 300 km. Le premier, d’une capacité de 16 tonnes, peut transporter 18 palettes, tandis que le second, d’une capacité de 19 tonnes, peut en accueillir 21.

D’un point de vue technique, ces nouveaux véhicules conservent une conception proche de celle des modèles thermiques. Les commandes sont inchangées, et la conduite ne présente pas de différences majeures. Toutefois, certaines technologies nouvelles, bien que familières aux chauffeurs, nécessitent une adaptation. L’un des principaux ajustements concerne la position très basse des batteries dans la structure du poids lourd, ce qui impose parfois de rehausser le véhicule pour franchir certains obstacles. Bien que cette contrainte puisse être déstabilisante au départ, elle fait partie des premières adaptations à intégrer.

Mixenn : Comment s’est déroulé leur déploiement au sein de l’agence de Lothey ?

L.A : Avec Joachim, nous avons constaté que ce déploiement s’est déroulé sans difficulté majeure, l’investissement ayant déjà été anticipé dans le budget du service immobilier France. L’installation d’au moins deux bornes de recharge était prévue dès le départ, avec une possibilité d’extension à six à moyen terme.

L’un des principaux enjeux a été la formation des chauffeurs. Pour des conducteurs habitués aux véhicules thermiques, certaines appréhensions ont émergé, notamment sur la conduite en centre-ville, la gestion de la cabine et l’interaction avec la circulation piétonne. Le premier chauffeur ayant reçu un porteur électrique a mis environ trois semaines pour s’adapter. Une fois cette phase passée, il maîtrisait parfaitement le véhicule et en appréciait les avantages, comme le silence et l’amélioration de son sommeil. Le second chauffeur, en charge d’un modèle 19 tonnes, a quant à lui pris ses marques en seulement 15 jours.

Cette réduction du temps d’adaptation s’explique notamment par la formation de 12 heures dispensée par Renault Trucks, qui a facilité la transition et renforcé la confiance des conducteurs.

Lorsqu’on leurs a demandés s’ils reviendraient à un véhicule thermique, la réponse des conducteurs a été sans appel : NON !

Lionel AZARIO, directeur de l’agence de Lothey

Mixenn : Comment est gérée la maintenance et avez-vous constaté un besoin accru par rapport aux poids lourds thermiques ?

L.A : Oui, Renault Trucks gère la maintenance via un contrat établi au niveau des achats France, couvrant l’entretien et le dépannage des véhicules. Étant donné l’absence de service technique en agence, nous nous appuyons entièrement sur ce dispositif.

Pour l’instant, il n’y pas de maintenance accrue. Le seul problème que nous avons rencontré durant la première année d’exploitation concerne les batteries, qui peuvent parfois présenter des dysfonctionnements plus rapidement. Cependant, il ne s’agit pas forcément d’un défaut systématique, mais plutôt d’un bug électrique de la batterie, nécessitant parfois un remplacement ou un redémarrage du système. Mais encore une fois, Renault Trucks prend en charge l’ensemble de ces maintenances.

Mixenn : Par ailleurs, quelle a été la stratégie de déploiement des bornes électriques ?

Joachim Delepine (J.D) : Actuellement, notre agence est équipée de deux bornes de recharge pour poids lourds (PL) et de deux bornes pour véhicules légers (VL). L’une des bornes VL est réservée aux véhicules d’exploitation, tandis que l’autre sera prochainement mise à disposition de nos collaborateurs pour la recharge de leurs véhicules personnels. Nos bornes actuelles, d’une puissance de 22 kW, permettent une recharge complète d’un porteur électrique en une nuit, ce qui correspond à nos besoins actuels. Cependant, nous envisageons à terme d’installer des bornes ultra-rapides dédiées aux poids lourds afin d’accompagner l’évolution de notre flotte. Le déploiement des bornes et l’intégration des poids lourds électriques ont été menés en partenariat avec Renault Trucks, en concertation avec nos services immobilier et achats, dans le cadre d’un projet mobilisant plusieurs départements.

Cette stratégie est appliquée de manière cohérente sur l’ensemble de nos agences, où nous comptons en moyenne deux à trois véhicules électriques, accompagnés des infrastructures de recharge nécessaires. D’ici fin 2024, nous prévoyons que 60 à 70 % de nos agences seront équipées de bornes de recharge pour poids lourds. La prochaine étape consistera à garantir une alimentation électrique adaptée à ces équipements.

À ce jour, nos infrastructures de recharge sont financées sur fonds propres. Toutefois, nous prévoyons de solliciter un financement via le programme Advenir pour notre site de Nantes afin d’en soutenir le développement.

Deploiement des bornes de recharge électrique

Mixenn : Quels financements avez-vous pour financer ces différentes flottes de véhicules électriques ? Avez-vous une aide de l’ADEME ou un financement propre pour compléter ?

Tariel Chamerois (T.C) : En tant que responsable de la stratégie « Green » et animateur de projets, je coordonne et facilite le déploiement des actions à l’échelle nationale. Je réalise également une veille active sur les différents dispositifs de financement disponibles.

L’appel à projets de l’ADEME en 2023 nous permet de financer 66 véhicules, qui seront déployés en 2025. Les aides représentent 7,81 % des investissements, sur un montant total de 26 M€.

En 2024, nous avons été lauréats de l’AAP CEE E-Trans de l’ADEME, ce qui nous permet de financer :

  • 55 porteurs électriques Renault E-Tech 16 tonnes
  • 4 tracteurs électriques Mercedes
  • 3 tracteurs électriques MAN

Par ailleurs, nous avons commencé à exploiter la fiche CEE TRA-EQ-129, récemment publiée, afin d’accéder aux aides d’État pour le déploiement de nos véhicules électriques et ainsi contribuer à la décarbonation du transport de marchandises.

Mixenn : Quelle est l’économie réalisée en comparaison entre un porteur thermique et un porteur électrique ?

J.D: En excluant les coûts de location et en se concentrant uniquement sur les coûts de fonctionnement, la comparaison entre le plein de diesel et la recharge de la batterie montre qu’un véhicule électrique est environ 30 % moins cher à exploiter qu’un véhicule thermique. Nous affinerons nos analyses avec l’arrivée d’un second véhicule électrique, mais pour l’instant, il est clair que l’électrique présente des coûts de fonctionnement plus avantageux que la thermique.

L.A : Selon les données du constructeur, l’économie de CO2 par an est estimée à 45 tonnes par véhicule. Et plus il y aura de camions déployés, plus cela deviendra intéressant du côté des achats.

Mixenn : Quels sont vos projets futurs dans l’agence concernant le développement d’énergie alternative ?

J.D : Un projet prévoit l’installation d’ombrières photovoltaïques sur notre parking VL, ce qui nous permettrait de devenir autonomes en électricité. Ces installations pourraient produire jusqu’à 250 kW, couvrant ainsi les besoins de recharge pour deux poids lourds, deux véhicules légers et l’alimentation complète du bâtiment. Mais nous n’avons pas encore de calendrier précis pour ces travaux. Cependant, si le nombre de véhicules électriques augmente à l’avenir, cette production pourrait ne pas être suffisante.

Mixenn : Comment percevez-vous l’évolution des demandes de vos clients en matière de durabilité et de transition écologique ?

J.D : Nous constatons un réel intérêt, notamment sur le plan commercial, car de plus en plus d’entreprises nous sollicitent dans le cadre de leurs appels d’offres pour des informations sur notre capacité à répondre aux enjeux de durabilité et de transition écologique. Ce sujet est désormais crucial, non seulement pour nous mais aussi pour nos clients.

Nous recevons un nombre croissant de demandes de chargeurs concernant le bilan carbone de leurs activités de transport.

Joachim Delepine, responsable Qualité, Sécurité, Environnement et Gestion Immobilière dans l’agence de Lothey