La société morbihannaise spécialisée dans le transport frigorifique a investi début 2018 dans un véhicule GNL. Rencontre avec Gilles Ernoult, son dirigeant.
Breizh[Bio]GNV : Pouvez-vous nous en dire plus sur l’activité de votre entreprise ?
Gilles Ernoult : Free Go Ouest a été créée en novembre 2007 par Patrice Le Digabel et moi-même. Nous avons commencé chacun avec un camion. Aujourd’hui, Free Go Ouest représente cinquante véhicules, 120 conducteurs, en frigorifique et en régional à 90%, et un entrepôt à Péaule (56).
Breizh[Bio]GNV : Quelles ont été vos motivations pour passer au GNV ?
Gilles Ernoult : Comme tout le monde, j’entends la situation écologique mondiale et la vision du transporteur pollueur. Le passage au gaz était donc pour moi une raison essentiellement écologique au départ, avec la volonté de démontrer que Free Go Ouest pouvait innover pour rouler plus propre. Nous n’avions pas de demande particulière de la part de nos clients.
Nous avons fait le choix d’acquérir un camion au gaz naturel liquéfié (GNL) et non comprimé (GNC), pour des raisons d’autonomie. En effet, nos véhicules font, en régional, une moyenne de 18.000 kilomètres mensuels, soit 800 kilomètres par jour. Même si les stations sont plus nombreuses, le gaz comprimé présentait de risque de devoir faire le plein au moins deux fois par jour. Ce qui n’est pas le cas avec le liquéfié et son autonomie d’un millier de kilomètres.
Breizh[Bio]GNV : Quelles sont, pour vous, les avantages et les inconvénients de la solution GNV ?
Gilles Ernoult : L’avantage premier de la solution gaz reste l’aspect écologique. L’autre avantage pour moi est un tarif d’achat du gaz moindre que le gazole.
La contrainte principale avec le gaz liquéfié est la présence d’une seule station pour le moment en Bretagne, à Gaël (35). Hors Bretagne, la plus proche est à Cholet. Pour ceux qui roulent beaucoup comme nous, l’autonomie légère du compressé reste un point noir et nécessite de s’arrêter plusieurs fois par jour pour faire le plein. Il ne faut pas se rater. Nous le voyons déjà avec le liquéfié : il suffit qu’un conducteur ne fasse pas le plein pour que l’on doive casser la tournée et faire demi-retour pour aller faire le plein au bon endroit.
Parallèlement, un véhicule gaz coûte 30% de plus que sa version diesel et s’il y a des aides pour les véhicules au gaz compressé, aucune ne concerne le liquéfié.
Enfin, pour les pleins en gazole, un seul badge permet de s’approvisionner dans n’importe quelle station. Pour le gaz, il faut un badge différent à Rennes ou à Locminé. Il faudrait homogénéiser le réseau.
Breizh[Bio]GNV : Comment valorisez-vous la solution GNV auprès de vos clients ?
Gilles Ernoult : A l’instar de certains concurrents sur le Morbihan, aucun client ne m’en a fait la demande. Le GNV est beaucoup demandé sur des porteurs pour de la distribution. Notre véhicule est sur une tournée standard avec de multiples clients. Ils sont satisfaits, mais sans plus.
Breizh[Bio]GNV : Quel est le retour de vos conducteurs ?
Gilles Ernoult : Pour le moment, le seul véhicule que nous avons est d’une puissance de 400CV donc assez faible. Nous avons eu en test un véhicule de 460CV et les retours ont été bons. Pour l’approvisionnement, nous n’avons eu aucune résistance de la part de nos conducteurs même s’il faut mettre des EPI pour faire le plein de liquéfié.
Breizh[Bio]GNV : Comment voyez-vous le développement du GNV dans votre entreprise ?
Gilles Ernoult : En termes écologiques, je pense depuis longtemps qu’avec le gaz, il y a de belles choses à faire. Aujourd’hui, j’attends de voir le déploiement des stations et l’amélioration des véhicules. Si je reprends un camion GNC, je me dois impérativement de le laisser sur la même tournée pour qu’il puisse s’arrêter au même endroit pour faire le plein. Avec toutes les contraintes du transport, cela rajoute une complexité. Autant Free Go Ouest est allé vite sur le liquéfié, autant nous attendons le déploiement de la filière pour aller plus loin dans le développement de nos véhicules au gaz.