Face à l’offre limitée d’utilitaires GNV, GRDF entend promouvoir le retrofit et lance un appel à projet.
La programmation pluriannuelle de l’énergie fixe des objectifs ambitieux dans le développement des véhicules GNV : plus de 170.000 véhicules à horizon 2028 dont une grande partie sur le segment des véhicules utilitaires < 3,5T (110.000). A fin novembre 2021, 29.400 véhicules roulaient au GNV en France, dont 9.575 VUL.
Pour GRDF, pour atteindre ces objectifs, notamment sur le segment des VUL, deux conditions sont indispensables : un réseau de stations suffisamment développé sur le territoire et une offre de véhicules compétitive.
« Si la première condition est en passe d’être remplie avec près de 250 stations publiques en service et de nombreux projets en cours de réalisation, la seconde est plus problématique et particulièrement sur le segment des VUL », constate l’énergéticien.
En effet, les constructeurs de véhicules utilitaires légers investissent aujourd’hui massivement sur l’électrique, au dépens des autres motorisations. Selon les annonces des constructeurs, l’offre de véhicules utilitaires neufs au GNV/bioGNV devrait rester « extrêmement limitée » dans les prochaines années.
Deux raisons réglementaires à cela pour GRDF :
- La révision du règlement européen du « Fit for 55 package » pour les voitures et les utilitaires légers sera proposée au vote en fin d’année 2021. Selon les scénarios envisagés, l’objectif est de diminuer de 80 à 100% les émissions de CO2 des véhicules neufs commercialisés. Ainsi, le texte imposera qu’une part importante des véhicules utilitaires vendus soient électriques : de l’ordre de 10 à 15% en 2025, 35% en 2030, 55% en 2035 et au moins 80% en 2040.
- La norme Euro 7 réglementant les émissions polluantes des véhicules diesel, essence et GNV va devenir encore plus strict d’ici 2025, imposant de nouveaux investissements pour les constructeurs, et de nécessaires arbitrages sur les technologies de moteurs à combustion interne à pérenniser au-delà de cette échéance.
Pour GRDF, les usagers montrent pourtant un intérêt pour la solution (Bio)GNV. La CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), le SYNASAV (Syndicat National de la Maintenance et des Services en Efficacité Energétique) et la FFB-UMGCCP (Fédération Française du Bâtiment – Union des Métiers Génie Climatique Couverture et Plomberie) ont ainsi récemment adressé au Secrétaire d’État chargé des transports un courrier commun sur l’enjeu de la préparation de la sortie du diesel pour les utilitaires. Objectif : alerter sur les difficultés à identifier des véhicules « propres » adaptés à leurs activités. Dans ce courrier, les organisations professionnelles indiquent que « a contrario (de la solution électrique), la solution GNV/BioGNV se révèle, dans les faits, nettement plus adaptée à la réalité quotidienne du terrain : économique, verte, sans rupture technologique majeure, elle met facilement en confiance nos chefs d’entreprise et leurs équipes ».
Le retrofit GNV, alternative pour les utilitaires
Pour GRDF, pour faire face à cette offre de véhicules neufs trop faible, la conversion de véhicules diesels actuellement en circulation en véhicules (bio)GNV serait une bonne alternative.
L’énergéticien a donc décidé de lancer un appel à projet pour entamer la structuration d’une filière retrofit. Objectif : réaliser a minima deux démonstrateurs de véhicules utilitaires diesel convertis au (bio)GNV pour mieux appréhender le bilan économique et environnemental d’une telle solution et quantifier l’intérêt du marché potentiel pour cette solution.
Deux véhicules, fournis par GRDF, seront choisis pour représenter une grande partie de la flotte d’utilitaires actuellement en circulation. Au terme de l’expérimentation, le candidat retenu dans le cadre de l’appel à projets devra présenter une étude de marché visant à quantifier le marché potentiel du rétrofit utilitaire Diesel > GNV et les engagements de transporteurs associés.
Clôture du dépôt des dossiers de candidature : le 15 décembre 2021.