La Bretagne en 2040 : une région de transitions

Transitions énergétique et numérique, mondialisation, mutations économiques, dynamiques démographiques : face aux grands défis qui se présentent, quel avenir et quel modèle de développement pour la Bretagne ? Ce sont les questions auxquelles entend le SRADDET. Tour d’horizon non exhaustif des implications de ce nouveau schéma régional sur les activités logistiques.

Le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires (SRADDET), institué par la loi NOTRe, est un document de planification qui doit contribuer à la cohérence territoriale. Couvrant un large champ de thématiques, il vise à prendre davantage en compte l’interdépendance des politiques d’aménagement du territoire. Dans le détail, le SRADDET doit viser notamment à une plus grande égalité des territoires et à assurer les conditions d’une planification durable du territoire, en prenant en compte les besoins de tous les habitants et les ressources du territoire, et en conjuguant les dimensions sociales, économiques et environnementales. Il doit, qui plus est, réunir l’ensemble des schémas régionaux liés à la mobilité, à la cohérence écologique, aux enjeux climatiques, à la transition énergétique et à la gestion des déchets.

Chargée de son élaboration, la Région Bretagne a choisi de construire le SRADDET en lien étroit avec la dynamique BreizhCop. Entre février 2017 et avril 2018, une vaste étape de concertation a ainsi permis de poser un diagnostic et de définir trente-huit objectifs, redétaillés au sein du projet de SRADDET.

« La Bretagne que nous voulons… »

Le SRADDET est avant tout l’occasion de définir une vision du territoire en 2040. Le projet propose ainsi une vision partagée de la Bretagne à cette date. La région sera entre autres :

  • « Une Bretagne qui a progressé dans son combat pour le désenclavement […], [avec] un système de transports intégré, cohérent, donnant surtout toute sa place aux mobilités du quotidien et au grand défi de la multimodalité (y compris sur les enjeux du fret) Â».
  • « Une Bretagne dont les ports […] ont trouvé toute leur place dans les échanges européens et mondiaux Â».
  • « Une Bretagne active, industrielle et créative Â»
  • « Une région qui a su renouveler ses compétences humaines en adaptation et en anticipation des transitions, qui a concentré et mobilisé ses forces de recherche et d’innovation au service des transitions Â».
  • « Une Bretagne qui s’est positionnée comme leader européen sur des secteurs émergents liés aux transitions énergétiques Â».
  • « Une Bretagne qui a réussi la transition vers un modèle de développement sobre et durablement performant Â».
  • « Une Bretagne qui a résolument mis un terme à la dérive de la consommation de terres agricoles et naturelles Â».

38 objectifs pour la Bretagne de 2040

Pour parvenir à cette Bretagne souhaitée, le projet de SRADDET propose de nombreuses actions, articulées autour des 38 objectifs officialisés dans le cadre de la BreizhCop. Revue de détail des principales thématiques qui pourraient impacter les activités logistiques.

Le SRADDET entend dans un premier temps « raccorder et connecter la Bretagne au Monde ». Au sein de cet objectif, la Région entend notamment développer des alliances avec certaines régions du globe en fonction d’enjeux stratégiques. Avec la Loire Atlantique par exemple, il s’agira de renforcer les liens dans les domaines du développement économique, des EMR (Energies Marines Renouvelables), de la recherche ou des transports mais aussi de développer « des liens et des complémentarités Â» dans le champ portuaire.

La multimodalité « performante » pour le transport de marchandises est aussi au cÅ“ur des volontés affichées. L’ambition affichée par la Région à horizon 2040 est de conforter les transports maritime et ferroviaire. Cette stratégie implique un soutien à la « décarbonation Â» et à la digitalisation de l’ensemble des modes de transport, aux mutualisations logistiques, au recours aux outils numériques, aux complémentarités modales (fer-route-mer-nouvelles mobilités), aux collaborations d’entreprises et de territoires. Trois actions prioritaires sont ainsi mises en avant par la Région : atteindre un développement « significatif » du transport maritime conteneurisé au départ/arrivée de Bretagne, atteindre un développement logistique de trois lignes de transport combiné rail-route au départ/arrivée de Bretagne et développer de nouvelles chaînes logistiques maritimes « innovantes et vertueuses Â». Pour y parvenir, la Région prévoit notamment :

  • D’encourager le développement des autoroutes de la mer, le cabotage inter régional ainsi que les « outils logistiques favorisant l’intermodalité Â».
  • De maintenir et de valoriser les offres de services maritimes et ferroviaires,
  • De s’appuyer sur des solutions numériques comme « Port de Bretagne Numérique » et de soutenir les transitions digitales des transports qui favorisent les mutualisations et la personnalisation des services logistiques rendus aux compagnies maritimes, industriels et logisticiens.
  • De soutenir toutes les initiatives de mutualisations, les « approches collaboratives innovantes Â», l’interopérabilité et la performance du transport ferroviaire.
  • D’opter pour d´autres énergies telles que le gaz naturel liquéfié (LNG) ou l’électricité pour des trajets limités…

Autre objectif développer par le SRADDET, « faire de la mer un levier de développement durable pour l’économie et l’emploi à l’échelle régionale ». Dans ce cadre, le document prévoit notamment de consolider et de développer l’économie industrialo-portuaire, par « l’orientation résolue Â» des grands ports bretons comme plateformes au service des filières. Il s’agira pour la Région de réaffirmer la vocation des espaces portuaires et rétro-portuaires au service des projets économiques en lien étroit avec la mer autour des ports de commerce et de réparation navale breton.

Les mobilités, objets de toutes les attentions

Parmi les objectifs poursuivis par la Région, on retrouve aussi le développement des secteurs économiques liés aux transitions « pour se positionner en leader sur ces domaines Â». Dans ce cadre, la collectivité entend accélérer le développement des domaines liés au numérique, notamment appliqué à l’usine du futur et à la logistique. La Bretagne entend aussi renforcer son implication dans le domaine des mobilités intelligentes en anticipant les évolutions des comportements en matière de mobilité ou en faisant de la Bretagne (et notamment du territoire rennais) un laboratoire d’expérimentation (véhicules collectifs autonomes terrestres, covoiturage, logistique de proximité…).

Autre objectif porté par le SRADDET, la transformation des mobilités avec un objectif : le respect du facteur 4, c’est-à-dire la division des gaz à effet de serre par 4 à horizon 2050. Pour cela, la Région prévoit :

  • De développer les services de mobilité et les modes de transport les plus durables, transports collectifs, mode ferroviaire et modes actifs (piétons, vélos)
  • D’agir sur les flottes de véhicules ou de bateaux pour s’orienter vers des carburations plus sobres en énergie (GNL, GNV, hydrogène, électrique, etc.)

Il s’agira aussi d’accompagner le report de trafic (passager et fret) vers des alternatives décarbonées notamment en accompagnant le changement de moyen de transport, en ce qui concerne les passagers et la mobilité des marchandises, par des actions de sensibilisation ou de formation.

Le SRADDET rappelle aussi la volonté régionale de faire émerger une filière hydrogène renouvelable bretonne. La Bretagne entend ainsi mettre en place une stratégie permettant de structurer les compétences autour de la production et l’usage de l’hydrogène renouvelable : consolider les dynamiques de projets bretons dans les domaines d’activités de la construction et de la motorisation navales, appuyer les potentiels actuellement à l’étude autour d’enjeux forts, tels que les activités de méthanisation agricole, de production d’énergie marine et éolienne, et des usages industriels et maritimes, mettre en place les conditions du développement de l’électromobilité hydrogène renouvelable, ferroviaire, maritime et routier.

Une meilleure gestion des espaces

La gestion d’occupation des espaces fait aussi l’objet d’un plan d’actions détaillés. Parmi celles-ci, la Région entend accroitre l’ancrage de proximité des entreprises dans leur territoire (lien avec l’écosystème, espace de recrutement de compétences, circuits courts intégrant dans les prix les enjeux d’empreinte carbone…). Pour cela, elle entend :

  • Favoriser les logiques de clusters dans les territoires afin de faire bénéficier les entreprises de l’écosystème et des réseaux locaux
  • Renforcer le service public d’accompagnement des entreprises au plan local, répondre aux difficultés de recrutement conjoncturelles et structurelles
  • Favoriser le développement des circuits courts
  • Favoriser les usages numériques qui permettent l’implantation locale des activités et leur ancrage

Il s’agira aussi de favoriser le développement du commerce de proximité lié aux activités courantes dans les centralités. En cohérence avec l’objectif général d’arrêt de la consommation de foncier agricole et naturel, la priorité devrait être donnée à la réduction de la vacance de locaux commerciaux.

Les nouveaux modèles économiques sont aussi au cÅ“ur des enjeux retenus par le document de planification. Il s’agira dans ce cadre notamment d’accélérer le développement de l’économie circulaire et de « l’économie de la fonctionnalité Â».

Enfin, un des objectifs du SRADDET veut mettre un terme à la consommation d’espaces agricoles et naturels. Pour cela, la Région entend « faire du renouvellement urbain la première ressource foncière de Bretagne Â». La Breizh Cop veut en effet rompre avec « l’habitude de penser qu’il est impossible de concilier le développement des activités et l’accueil des habitant·e·s avec l’arrêt de l’artificialisation illimitée des sols Â». Pour la Région, « avec l’ensemble de ses zones urbanisées moyennement ou peu denses, qu’elles se trouvent en périphérie ou en centralité, en ville ou en village, la Bretagne dispose d’une ressource foncière généreuse pour les 20 prochaines années Â». La Région prévoit donc de :

  • Continuer la densification des espaces urbanisés quelle que soit leur taille et de reconquérir les friches urbaines pour produire logements, commerces et activités dans l’enveloppe urbanisée.
  • Considérer l’extension comme une exception au renouvellement urbain

Une Bretagne des transitions

Le SRADDET entend aussi accélérer la transition énergétique en Bretagne et réduire de 39% les consommations d’énergie bretonne à l’horizon 2040. Plusieurs actions viennent accompagner cet objectif :

  • Maîtriser la demande en énergie et réduire les consommations
  • Accélérer la rénovation énergétique du parc bâti résidentiel et tertiaire, public et privé
  • Optimiser les flux de marchandises, privilégier les modes maritimes et ferroviaires
  • Améliorer l’efficacité énergétique industrielle
  • Soutenir et accompagner le déploiement des Plans Climat Air Énergie Territorial (PCAET) à l’échelle de tous les territoires

Adaptation au changement climatique, limitation de l’artificialisation des sols, réutilisation des friches, économie circulaire, planification territoriale… : bien d’autres sujets impacteront les activités économiques régionales.

Adopté fin novembre dernier par le Conseil régional, il devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année après une phase de consultation encore en cours.