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La solution, B100 prometteuse malgré des défis techniques

Publié le 13/01/2025

Une nouvelle étude du CNR (Comité National Routier) fait le point sur la filière B100 et sa pertinence économique.

Les tracteurs routiers alimentés au B100,représentent une alternative écologique aux modèles diesel traditionnels. Le Comité National Routier (CNR) a récemment publié sa première analyse dédiée à ces véhicules,. Éligibles à la vignette Crit’Air 1, ils bénéficient d’un accès facilité aux zones à faibles émissions (ZFE). Cependant, l’étude du CNR souligne plusieurs défis, notamment un coût d’acquisition modéré mais une consommation de carburant plus élevée, soulevant des enjeux financiers et techniques pour leur adoption à grande échelle.


Poids lourd B100 – EpiSaveurs

Réglementation européenne : une offre de biocarburants limitée

L’offre de biocarburants en Europe est actuellement limitée en fonction de la nature des matières premières utilisées :

  • 1re génération : Les biocarburants conventionnels, élaborés à partir de matières premières en concurrence avec les produits alimentaires.
  • 2e génération : Les biocarburants avancés, produits à partir de matières premières non alimentaires.

Dans un État membre, les carburants de 1re génération, tels que le B100, sont plafonnés à 7 % de la consommation finale d’énergie dans les secteurs du transport routier et ferroviaire (Directive EnR 2 ou RED 2 du 11 décembre 2018). La production de biocarburants à partir de colza est concernée par cette réglementation. Le B100 est un co-produit valorisé dans diverses chaînes industrielles : l’alimentation animale (tourteaux de colza), l’alimentation humaine (huile de colza ménagère ou de grande distribution), ainsi que l’industrie cosmétique et pharmaceutique (glycérine végétale). Cette limitation réglementaire impacte directement la disponibilité du produit sur le marché.

Le B100, produit à partir de colza français, est principalement commercialisé sur le marché français.

Un investissement allégé par des avantages fiscaux

D’après le CNTD, les tracteurs routiers fonctionnant exclusivement au B100 présentent un surcoût à l’achat par rapport aux modèles diesel, avec des prix variant entre 100 000 € et 118 500 € hors taxes, soit un écart de 2 000 à 6 000 €. Ce surcoût s’explique par des adaptations techniques spécifiques, comme l’intégration d’un moteur adapté et d’un boîtier de contrôle.

Pour compenser cette différence, le gouvernement propose un dispositif de suramortissement, permettant aux entreprises de déduire 40 % de la valeur d’achat du tracteur de leur résultat imposable. Ce soutien fiscal facilite l’amortissement de l’investissement initial. Par ailleurs, quatre grands constructeurs – Renault Trucks, Volvo, MAN et Scania – commercialisent actuellement des modèles compatibles avec le B100 exclusif en France, offrant ainsi davantage de choix aux professionnels du transport.

Un carburant abordable contrebalancé par une consommation accrue

Bien que le B100 soit moins cher que le gazole, son utilisation entraîne une surconsommation moyenne de 4 %, pouvant aller jusqu’à 8 %, en raison de sa densité énergétique inférieure (9,1 % de moins que le gazole). Cette surconsommation est surtout notable lorsqu’on compare un tracteur B100 à un modèle diesel s’approvisionnant à la pompe. En revanche, si le véhicule diesel utilise une cuve privée, le différentiel de coût demeure en faveur du B100.

Des frais d’exploitation similaires mais une maintenance plus fréquente

Globalement, le coût annuel d’exploitation reste comparable entre un camion diesel (172 672 €) et un camion B100 (170 739 € avec suramortissement). Cependant, l’entretien demande une vigilance accrue. Les intervalles de vidange sont réduits à 60 000 km pour les modèles B100 contre 100 000 km pour les diesels, entraînant des coûts de maintenance plus élevés. Pour les usages longue distance, les frais d’entretien s’élèvent à 0,08731 €/km contre 0,08650 €/km en usage régional.

Comparaison avec les modèles diesel

Sur le plan environnemental, les tracteurs B100 se démarquent avec une réduction de 60 % des émissions de CO2 sur le cycle de vie complet du carburant (« du puits à la roue »). Toutefois, les émissions à l’échappement restent similaires à celles des modèles diesel.

Infrastructure et approvisionnement

  • Pour simplifier l’utilisation du B100, les distributeurs proposent des solutions clés en main incluant la mise à disposition de cuves adaptées, leur installation et leur suivi. Ces cuves connectées permettent un contrôle précis des niveaux et des approvisionnements automatiques, améliorant ainsi l’efficacité opérationnelle des transporteurs.
  • L’arrêté du 26 juin 2024 autorise désormais l’usage du B100 par un consortium de propriétaires de véhicules professionnels, facilitant le partage des infrastructures de stockage.

Perspectives et adoption future

En 2023, des constructeurs majeurs comme Renault Trucks, Volvo, MAN et Scania offrent des modèles compatibles B100, élargissant les options disponibles pour le secteur.

Malgré des défis liés aux coûts d’acquisition et de maintenance, le B100 apparaît comme une solution prometteuse pour décarboner le transport routier. Les incitations fiscales, combinées aux avantages environnementaux et à l’amélioration des infrastructures, pourraient accélérer son adoption à plus grande échelle dans les années à venir.