Cette nouvelle version a été présentée conjointement par Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports, et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement, en charge de France 2030.
Un cap confirmé pour l’hydrogène bas-carbone
Lancée en 2020, la stratégie hydrogène visait à faire émerger une filière nationale autour de l’hydrogène bas-carbone, au service de la souveraineté énergétique et industrielle de la France. Cinq ans plus tard, l’État a accompagné plus de 150 projets, grâce notamment au plan France 2030, avec à la clé 8 000 emplois directs attendus d’ici 2030. Des sites majeurs de production sont en cours de déploiement à Fos-sur-Mer, dans la Vallée de la Chimie et autour du Havre.
Par ailleurs, le PIIEC (Projet Important d’Intérêt Européen Commun) a permis l’émergence d’une vingtaine de projets structurants sur la chaîne de valeur : électrolyseurs, piles à combustible, réservoirs, et premières unités de production pour des usages industriels stratégiques (raffinage, ammoniac, etc.). Du laboratoire à l’usine, toute la chaîne de R&D à l’industrialisation est ainsi soutenue.
Des enseignements tirés, une stratégie ajustée
La filière a démontré un potentiel prometteur, mais le déploiement de solutions industrielles à grande échelle prend du temps. Face à la concurrence internationale et à l’évolution des technologies de décarbonation, l’État adapte donc sa stratégie pour mieux accompagner cette montée en puissance.
Les principales évolutions annoncées sont :
- Un ajustement progressif des objectifs d’électrolyse : 4,5 GW d’ici 2030, et 8 GW à l’horizon 2035.
- Une consolidation de la maîtrise technologique sur l’ensemble de la chaîne de valeur, via l’industrialisation des projets existants.
- Le développement prioritaire d’infrastructures de transport dans les principaux hubs (Fos, Le Havre, Vallée de la Chimie), avec une attention portée aux connexions locales et aux capacités de stockage.
- La mise en place d’un cadre propice au développement de la filière : compétences, foncier, simplification des procédures, cadre réglementaire stable, raccordement électrique (via la loi APER).
Des mesures concrètes pour accélérer
Plusieurs dispositifs d’envergure viennent appuyer cette nouvelle dynamique :
- Un mécanisme de soutien de 4 milliards d’euros pour sécuriser la compétitivité de l’hydrogène bas-carbone sur 15 ans.
- Le relancement de l’appel à projets « Briques Technologiques de l’Hydrogène IDH2 », opéré par l’ADEME.
- Un nouvel appel à projets pour favoriser l’usage de véhicules utilitaires à hydrogène dès 2025. En attente de publication
- Des aides aux études pour le développement de carburants de synthèse, en particulier pour l’aérien et le maritime, avec l’annonce des lauréats de l’AAP CARB AERO.
Des projets structurants pour industrialiser et former
L’État confirme son engagement avec le soutien à plusieurs projets emblématiques :
- Green Horizon (Lhyfe/Yara) et Masshylia (Total/Engie) dans le cadre du PIIEC, pour la décarbonation de l’industrie chimique et des raffineries.
- L’équipementier Gen-Hy, qui développera à Allenjoie une technologie innovante de membranes pour électrolyseurs.
- Le projet École H2, en Bourgogne-Franche-Comté, qui vise à structurer une offre de 90 formations liées à l’hydrogène, avec un soutien de 6 M€ via France 2030.
Hydrogène et mobilité lourde : un virage stratégique par rapport à 2020
Par rapport à la version initiale de 2020, la stratégie 2025 prend acte des retards de maturité industrielle et ajuste ses priorités. Concernant la mobilité lourde, plusieurs évolutions sont à noter :
- En 2020, la stratégie mentionnait directement le soutien aux bus, camions, trains ou bateaux hydrogène, avec des cibles ambitieuses sur les flottes et les stations.
- En 2025, la stratégie est plus discrète sur ces usages, mais elle adopte une approche plus structurelle :
- Un appel à projets pour les véhicules utilitaires vise à soutenir le développement des technologies critiques (piles à combustible, réservoirs).
- Le soutien aux carburants de synthèse ouvre des perspectives pour l’aérien et le maritime.
- La mise en place de hubs territoriaux avec des réseaux de transport d’hydrogène vise à connecter producteurs et consommateurs, ce qui est favorable aux usages lourds industriels et logistiques.
Ainsi, la mobilité lourde n’est pas abandonnée, mais son déploiement repose désormais sur une stratégie d’infrastructures, d’industrialisation et de compétitivité, plutôt que sur des objectifs de court terme.
Avec cette révision, l’État entend accélérer la transition de la filière vers l’industrialisation et le déploiement à grande échelle, en créant les conditions propices à l’investissement, à l’innovation et à l’usage de l’hydrogène dans les secteurs stratégiques.