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La transition par la mutualisation chez les chargeurs : découvrez le GIE Chargeurs Pointe de Bretagne

Publié le 07/10/2024

Le GIE Chargeurs Pointe de Bretagne orchestre la mutualisation des volumes depuis la Bretagne vers les entrepôts de la grande distribution sur tout le territoire français.

Le groupement met ainsi en relation les chargeurs, les transporteurs et les clients.

Dans le cadre de leur partenariat avec le programme Mixenn, nous avons questionné Nicolas Dagault, Président du GIE, pour nous présenter le fonctionnement de ce modèle décarboné.

Nicolas Dagault, Président du GIE Chargeurs Pointe de Bretagne

Nicolas Dagault est directeur des opérations chez McBride, le leader européen de la fabrication de produits d’entretien grand public. Il y a 2 ans, il est devenu Président du GIE – Groupement d’Intérêt Economique – Chargeurs Pointe de Bretagne.

Pour lui, le GIE permet de réunir les industriels bretons avec pour objectif de mutualiser le transport de leurs produits secs vers leurs clients de la grande distribution. Aujourd’hui le GIE regroupe 16 industriels de toutes tailles : des multinationales comme des PME, même des TPE.

Nicolas Dagault : « La Bretagne est excentrée du reste de la France, ce qui représente un enjeu majeur pour la compétitivité des entreprises. Le fait de mutualiser, réunir nos forces et utiliser un seul et même camion pour transporter différents produits de l’Ouest vers le reste de la France permet d’optimiser les coûts, de diminuer le nombre de camions sur les routes, par conséquent de réduire l’empreinte carbone mais aussi d’optimiser les ressources humaines aujourd’hui difficiles à recruter. »

Mixenn : Concrètement, en quoi consiste la mutualisation chez les chargeurs ?

N.D : La mutualisation, c’est parcourir le plus grand nombre de kilomètres avec des camions complets, du point de départ à la destination finale. Pour un client identique à plusieurs chargeurs, c’est collecter dès la Bretagne les différentes palettes dans le but de les amener à la destination finale, avec le plus grand nombre de kilomètres et des camions complets.

Plutôt qu’il y ait 16 camions qui partent avec 4 palettes vers un même client, le GIE organise une ramasse des palettes chez les 16 chargeurs puis livre l’entrepôt de la grande distribution avec 2 camions complets.

N.D : Dans le cadre du GIE, nous sommes organisés en deux étapes : la ramasse puis la livraison. Entre les deux se positionne un cross-dock pour trier les palettes ramassées et recréer des camions complets vers chaque destination finale. Ainsi, dans chaque ramasse, nous pouvons retrouver toutes les palettes d’un chargeur vers tous les clients de la GMS puisque le camion sera ensuite recréé pour le client.

Schéma du modèle logistique proposé par le GIE Chargeurs Pointe de Bretagne

N.D : Lors de la phase de livraison, nous sommes passés de 17 palettes en moyenne en 2012 (à la création du GIE) à 38 palettes depuis 2020. Cette mutualisation au camion complet est possible grâce au nombre grandissant de chargeurs au GIE : les adhérents font grandir les volumes de transports et alimentent ainsi la mutualisation.

Mixenn : Quels sont selon vous les avantages à mutualiser ?

N.D : La mutualisation s’inscrit pleinement dans toutes les stratégies RSE des entreprises. A mon sens, cela répond au modèle du transport routier de demain, en combinant avec les énergies alternatives.

Déjà, il y a un avantage économique certain, notamment sur le taux de service. La mutualisation permet de livrer dans les temps une commande. Le modèle aujourd’hui est de 4 jours entre la commande et la livraison : le GIE agit pour structurer un modèle répétable chaque semaine, pour lequel l’ensemble des chargeurs bretons ont la possibilité d’amener des volumes. Chaque semaine, le client sera livré 1 à 2 fois sur un créneau presque fixe avec un camion composé de produits de plusieurs de ses fournisseurs. Au départ, cela peut représenter une contrainte mais avec du recul plus c’est répétable, plus c’est fiable ! Ainsi, ce modèle permet d’améliorer le taux de service grâce à un calendrier fixe, fiable et répétable.

Pour la compétitivité des entreprises, mutualiser permet d’atteindre des marchés inaccessibles pour des volumes trop faibles. Une TPE qui souhaite livrer 1 palette par mois chez un client de la grande distribution peut trouver sa place dans ce schéma de livraison parfois plus simple. Au GIE, elle mutualisera aussi avec d’autres grands groupes, ce qui est également un gage de sécurité.

Découvrez les 16 entreprises adhérentes au GIE Chargeurs Pointe de Bretagne

N.D : Il y a surtout un avantage écologique pour diminuer les émissions de CO2, globalement et par palette. En effet, mutualiser permet de réduire le nombre de camions sur la route, et ainsi les émissions de CO2 associées, mais aussi les émissions de CO2 de chaque palette. Les émissions d’un camion étant rapportées au nombre de palettes présentes à l’intérieur, dans un camion complet chaque palette émet moins de CO2.

Enfin, il y a aussi un avantage social sur les ressources humaines et les conditions de travail. Depuis le COVID, le métier de conducteur·ice poids lourds est en tension permanente. La mutualisation permet à la fois de faire face à la pénurie en réduisant le nombre de camions sur la route, mais aussi d’augmenter l’attractivité du métier en proposant des quotidiens plus fiables. Pour mes équipes logistiques qui chargent les camions, nous avons aussi clairement observé un gain de temps car il y a moins de camions à recevoir et à charger. Quant aux équipes de distribution, c’est une simplicité pour eux car c’est une routine et tout est géré informatiquement au GIE.

Mixenn : Face à tous ces avantages, pourquoi 100% des chargeurs de Bretagne ne sont pas encore adhérents au GIE ?

N.D : Je me pose la question tous les jours ! McBride s’est engagé en 2014 et depuis il n’est pas question de quitter le GIE.

Je pense que le modèle n’est pas assez connu malgré ses 14 années d’ancienneté, les communications et les professionnel·le·s et spécialistes qui ont cru au projet depuis le départ. De plus, le modèle est atypique et peut paraître complexe.

En 2018, quand j’ai souhaité comprendre comment cela fonctionnait, j’y ai passé du temps. Ce n’est pas une commande simple de transport. Il y a deux étapes, deux facturations également. C’est simple quand on y est mais passer d’un schéma standard à un schéma un peu plus spécifique peut représenter un frein.

Pour suivre ce schéma, il est aussi nécessaire d’avoir un engagement de la direction, et cela peut prendre du temps et n’est pas toujours la priorité des entreprises. Le monde économique évolue aussi très vite, ce n’est pas toujours simple de s’engager. S’engager dans le GIE, c’est une adhésion, nous sommes tous et toutes membres avec un droit d’entrée, sans contrainte de volume à proposer.

Jusqu’à maintenant, un frein pouvait également être notre portail informatique. Mais aujourd’hui, nous avons une solution qui permet d’être autonome et qui simplifie énormément la saisie. Très prochainement d’ailleurs, cette solution acceptera l’EDI (en masqué) pour nos chargeurs comme nos transporteurs.

Mixenn : Que voudriez-vous dire à ces entreprises pour lever ces freins ?

N.D : Je leur proposerai de venir nous rencontrer, Thierry Bailleux (directeur opérationnel du GIE), les chargeurs adhérents, les clients et moi-même, pour comprendre le mécanisme du GIE et découvrir l’intérêt.

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N.D : Aujourd’hui, nous avons aussi la possibilité de faire des simulations de gestion sur base de vos flux pour renforcer notre discours, avec des éléments factuels. Nous pouvons nous rencontrer par le biais d’évènements, organisés par Mixenn, mais aussi Bretagne Supply Chain, dans le but de créer du lien et d’apprendre à se connaître.

Nous souhaitons faire découvrir ce modèle.

Plus nombreux serons-nous à massifier nos flux à travers ce dispositif unique dans la région, plus fortes seront nos industries et la vitalité de notre territoire. Bienvenue à tous ! 

Jean-Jacques Hénaff, ancien président et fondateur du GIE Chargeurs Pointe de Bretagne

Mixenn : Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans le fait d’être partenaire du programme Mixenn ?

N.D : Nous avons parlé de notre difficulté à nous faire connaître : je suis convaincu qu’en étant partenaire, nous allons pouvoir mettre en valeur le GIE et être au contact des acteurs et actrices qui croient en la mutualisation et ont envie de participer à ces solutions. Cela donne du sens d’aller au contact de tous les professionnel·le·s de la logistique par des biais de réflexion autour de la transition écologique, qui est le sujet du moment et le sera pendant quelques années encore.

Les nombreux événements, la dynamique de l’équipe Mixenn et le réseau ont convaincu l’ensemble des chargeurs du GIE à devenir partenaire du programme Mixenn pour les trois prochaines années. Je suis convaincu que le GIE Chargeurs Pointe de Bretagne gagnera en visibilité, lisibilité et légitimité.