Mixenn a rencontré Frédéric Rohou, directeur de la filiale, pour évoquer avec lui les actions concrètes mises en place pour réduire l’empreinte carbone de ses activités, notamment grâce à l’optimisation des trajets et la mutualisation des ressources.
Mixenn : Quelle est la stratégie de Quéguiner Transports pour réduire l’empreinte carbone de ses transports de marchandises ?
Frédéric Rohou : Conscient du poids du transport dans son empreinte carbone, Quéguiner Transports a structuré sa stratégie autour de deux priorités.
Dans un premier temps, l’expérimentation de nouvelles énergies avec notamment l’utilisation de 45 camions sur 150 moteurs, soit environ un tiers de la flotte motorisée, roulant exclusivement au HVO. Des essais ont également été menés avec des camions électriques (grue, tracteur, toupie du constructeur Volvo et Renault). Mais les résultats restent mitigés en raison d’un coût d’achat très élevé, la perte de charge utile, les contraintes de carrossage et un coût de recharge parfois équivalent au gazole.
« Ces véhicules restent néanmoins pertinents pour des usages réguliers et maîtrisés, comme les navettes inter-sites » Frédéric Rohou, directeur Quéguiner Transports
En parallèle, l’optimisation des flux est un levier car le Groupe Quéguiner investit actuellement dans un TMS (Transport Management System) global pour piloter l’ensemble de ses flux, qu’il s’agisse des livraisons clients, des approvisionnements vers les agences, de transport longue distance ou d’affrètement. Aujourd’hui, Quéguiner Transports ne gère pas l’intégralité des flux du groupe. L’ambition est de rapatrier la gestion de tous les flux dans une cellule centralisée, pour mieux coordonner les opérations et mutualiser les ressources.
De plus, le groupe réévalue plusieurs fois par an l’organisation de ses navettes entre usines, plateformes logistiques et agences commerciales. Ces ajustements sont faits en fonction des volumes, de la fréquence et de la répartition géographique des besoins. Il repense également la localisation de ses stocks pour réduire les kilomètres parcourus, limiter les trajets à vide et améliorer sa réactivité.
Cette démarche s’inscrit dans le projet d’entreprise Vision 28 (2025–2028), qui vise à renforcer l’efficacité et la performance environnementale de la logistique.
« J’avais un prédécesseur qui disait toujours : les meilleurs kilomètres sont ceux que l’on ne fait pas. C’est exactement ça : on traque chaque kilomètre évitable, chaque marchandise qu’on transporte alors qu’on ne devrait pas. » Frédéric Rohou, directeur Quéguiner Transports
Mixenn : Les appels d’offres intègrent-ils aujourd’hui des exigences en matière de décarbonation ? Imposez-vous des critères environnementaux à vos transporteurs partenaires ?
F.R. : À ce jour, Quéguiner Transports ne dispose pas d’un cahier des charges environnemental formel à destination de ses sous-traitants, et ne leur impose pas encore de critères spécifiques en matière de décarbonation. Toutefois, ces transporteurs, majoritairement régionaux, sont déjà équipés de véhicules conformes à la norme Euro 6.
Les attentes en matière de réduction de l’empreinte carbone viennent désormais de l’aval de la chaîne logistique : certains clients du groupe, notamment dans le cadre d’appels d’offres de grande envergure, formulent des exigences précises sur les distances de transport et les actions engagées pour les limiter. Ces demandes peuvent être très concrètes : par exemple, pour un chantier à Brest, un client peut imposer que les matériaux proviennent exclusivement de l’usine de Landivisiau, et non de celle de Rennes, afin de réduire les kilomètres parcourus.
Ainsi, même si ces exigences ne s’adressent pas directement à Quéguiner Transports, elles orientent de plus en plus l’organisation logistique du groupe. C’est dans ce contexte que le Groupe Quéguiner a engagé une démarche de structuration plus poussée de ses flux.
Mixenn : Quels sont vos projets à venir en matière de décarbonation du transport ?
F.R. : Nous avons été lauréat d’un dossier déposé à l’Ademe via le programme CEE E-TRANS en octobre de l’année dernière pour deux véhicules électriques (un tracteur et un porteur grue). Le porteur grue a été retenu. Le Groupe dispose jusqu’à fin 2027 pour concrétiser l’achat mais notre projet est toujours à l’étude.
Le ferroviaire pourrait aussi être une solution envisageable pour certains chantiers hors Bretagne. Nous n’excluons pas ce mode de transport.
Mixenn : Quéguiner a récemment annoncé le rachat de l’entreprise BHR. Quels sont les objectifs de cette opération et quelles en seraient les conséquences pour votre organisation logistique, notamment en Bretagne ?
F.R. : Le Groupe Quéguiner est actuellement en négociation exclusive pour le rachat de BHR, une entreprise familiale reconnue pour son expertise dans le béton prêt à l’emploi.
Cette opération répond à plusieurs objectifs stratégiques :
- Renforcer le maillage territorial à l’Est de la Bretagne, avec une présence accrue dans le béton prêt à l’emploi.
- Se rapprocher du client final, dans une logique de proximité et de réduction des distances de transport
- S’appuyer sur un partenaire solide, avec une culture et un fonctionnement proche du Groupe Quéguiner, notamment une maîtrise interne de la production et de la logistique.
BHR dispose déjà d’une organisation intégrée et performante, avec sa propre société de transport, une gestion autonome des approvisionnements, et une filière de recyclage des déchets béton. BHR dispose aussi de véhicules électriques (deux toupies et un tracteur), ce qui pourrait renforcer les expérimentations du groupe en matière de transport décarboné.
Le réseau de 26 centrales à béton de BHR pourrait venir compléter l’organisation industrielle et logistique du Groupe Quéguiner. Cela représenterait un levier important pour élargir la couverture territoriale du groupe et accompagner ses clients au plus près des chantiers.
Cette stratégie logistique, en constante évolution, illustre l’ambition du Groupe Quéguiner : concilier ancrage territorial, performance environnementale et service client dans un secteur en pleine mutation.
