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Stratégie nationale bas-carbone 3 : quels enjeux et leviers pour la logistique et la supply chain ?

Publié le 15/12/2025

La France s’est dotée fin 2025 d’une nouvelle Stratégie nationale bas-carbone (SNBC 3), véritable feuille de route pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et respecter les engagements de l’Accord de Paris. Cette troisième édition marque un changement d’échelle : la baisse des émissions doit désormais s’accélérer fortement et concerner l’ensemble des chaînes de valeur économiques, au premier rang desquelles le transport de marchandises et la supply chain.

Un objectif clair : accélérer la trajectoire vers la neutralité carbone

La SNBC 3 fixe un cap ambitieux :

  • –50 % d’émissions de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990
  • La neutralité carbone en 2050, avec une réduction encore plus rapide après 2030

Pour y parvenir, les émissions nettes devront diminuer d’environ 5 % par an entre 2024 et 2030, puis 7 % par an entre 2030 et 2050, soit un rythme inédit jusqu’ici. Cette trajectoire repose sur une transformation structurelle de l’économie française : modes de production, consommation, organisation territoriale… et bien sûr logistique et transport.

La SNBC 3 introduit également une approche élargie, en intégrant la réduction de l’empreinte carbone de la France, c’est-à-dire les émissions liées aux importations. Un point clé pour les filières industrielles et commerciales fortement dépendantes des chaînes d’approvisionnement internationales.

Le transport de marchandises : un levier majeur de décarbonation

Le secteur des transports reste aujourd’hui le premier contributeur aux émissions nationales, et le transport de marchandises en représente une part significative. La SNBC 3 confirme que sa décarbonation est incontournable et s’appuie sur plusieurs leviers complémentaires.

1. Sobriété et optimisation logistique

Premier axe : réduire les volumes transportés et améliorer leur efficacité.
Cela passe par :

  • une meilleure organisation des flux (mutualisation, massification, réduction des trajets à vide),
  • l’optimisation des schémas logistiques (localisation des entrepôts, circuits plus courts, logistique urbaine rationalisée),
  • le recours accru aux outils numériques pour le pilotage des flux et la prévision de la demande.

Ces leviers concernent directement les entreprises, mais aussi les territoires, via l’aménagement logistique et les politiques foncières.

2. Report modal et intermodalité

La SNBC 3 réaffirme la nécessité de développer des alternatives à la route, en particulier :

  • le fret ferroviaire,
  • le transport fluvial,
  • et les solutions combinées route-rail ou route-fleuve.

L’objectif est clair : réserver la route aux usages où elle est la plus pertinente, et renforcer les chaînes logistiques multimodales. Pour les régions industrielles et portuaires comme la Bretagne, cela renforce l’intérêt des plateformes multimodales et des connexions avec les grands corridors nationaux et européens.

3. Décarbonation des véhicules et des énergies

La SNBC 3 prévoit une transformation progressive des flottes de transport de marchandises :

  • électrification pour les usages légers et urbains,
  • développement des biocarburants durables et des carburants de synthèse,
  • montée en puissance de solutions comme l’hydrogène pour certains usages spécifiques.

Cette transition énergétique implique des investissements lourds, mais aussi une adaptation des infrastructures logistiques (bornes de recharge, stations multi-énergies, gestion énergétique des sites).

Une supply chain au cœur des filières économiques

Au-delà du transport stricto sensu, la SNBC 3 souligne le rôle central de la supply chain dans la décarbonation des filières.

Relocalisation et sécurisation des approvisionnements

Réduire l’empreinte carbone passe aussi par :

  • des chaînes d’approvisionnement plus courtes,
  • une relocalisation ciblée de certaines productions,
  • le développement de filières industrielles bas-carbone sur le territoire.

La logistique devient alors un outil de compétitivité, en soutenant des modèles plus résilients et moins dépendants des importations carbonées.

Écoconception et logistique circulaire

La SNBC 3 encourage indirectement le développement de :

  • l’écoconception des produits (réduction des volumes, emballages optimisés),
  • la logistique inverse (réemploi, réparation, recyclage),
  • l’économie circulaire à l’échelle des filières.

Ces évolutions renforcent le rôle stratégique des prestataires logistiques et des donneurs d’ordre dans l’organisation des flux de matières.

Quels enjeux pour les acteurs de la logistique en Bretagne ?

Pour les entreprises et acteurs de la supply chain bretonne, la SNBC 3 constitue à la fois :

  • un cadre structurant, appelé à se traduire en politiques publiques, normes et dispositifs d’accompagnement,
  • et une opportunité stratégique, pour anticiper les évolutions, innover et renforcer leur compétitivité.

La trajectoire bas-carbone impose une montée en compétence sur les sujets énergétiques, numériques et organisationnels, mais ouvre aussi la voie à de nouveaux modèles logistiques plus sobres, plus performants et mieux ancrés dans les territoires.

En Bretagne, la Stratégie nationale bas-carbone 3 s’inscrit dans un tissu économique fortement marqué par les filières agroalimentaires, industrielles et portuaires, ainsi que par des enjeux de logistique urbaine et territoriale. Elle vient renforcer des dynamiques déjà à l’œuvre, tout en accélérant les transformations attendues

1. Ports bretons : un rôle clé dans la décarbonation des flux
Les ports de commerce bretons sont appelés à devenir des points d’ancrage de la logistique bas-carbone : développement du report modal, renforcement des chaînes multimodales, accueil de carburants alternatifs et optimisation des pré- et post-acheminements. La SNBC 3 conforte leur rôle stratégique pour réduire l’empreinte carbone des échanges régionaux, nationaux et internationaux.

2. Agroalimentaire : des chaînes logistiques plus sobres et plus locales
Pilier de l’économie bretonne, l’agroalimentaire est directement concerné par la réduction de l’empreinte carbone des flux de matières premières et de produits finis. Optimisation des schémas logistiques, mutualisation des transports, réduction des distances parcourues et meilleure valorisation du fret retour deviennent des leviers majeurs de compétitivité et de résilience.

3. Industrie : intégrer la logistique dans les feuilles de route de décarbonation
Pour les filières industrielles bretonnes, la SNBC 3 renforce l’exigence d’une approche globale de la décarbonation, incluant la supply chain. Les prestataires logistiques capables de proposer des solutions bas-carbone, traçables et compatibles avec les contraintes industrielles (délais, volumes, fiabilité) disposeront d’un avantage concurrentiel croissant.

4. Logistique urbaine : accélération des solutions bas-carbone
Dans les agglomérations bretonnes, la SNBC 3 soutient indirectement le développement de la logistique urbaine durable : véhicules à faibles émissions, plateformes de mutualisation, solutions de dernier kilomètre adaptées aux centres-villes. Ces évolutions répondent à la fois aux objectifs climatiques et aux attentes des collectivités locales.

5. Une opportunité de coopération territoriale
Enfin, la stratégie bas-carbone renforce l’intérêt d’une approche collective à l’échelle régionale : coopération entre chargeurs, logisticiens, ports, industriels et collectivités. En Bretagne, cette dynamique peut devenir un levier fort d’innovation, d’attractivité et de création de valeur autour d’une supply chain plus durable.