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Transport maritime à la voile : C-Log s’engage à bord du Grain de Sail 2

Publié le 07/06/2024

Filiale du groupe Beaumanoir à St Malo, C-Log est le spécialiste de la supply chain e-commerce et retail. L’entreprise accompagne les marques de mode dans leur développement multicanal en France et à l’international, en proposant des solutions logistiques, transport et e-commerce. Déjà engagés dans la réduction de leur impact transport, ils chargent désormais à bord du navire Grain de Sail 2 sur la liaison New-York – Saint Malo.  Ils ont proposé la solution maritime décarbonée à plusieurs clients et ont contractualisé une opération transport avec l’un d’eux. Cela répondait non seulement à leurs engagements RSE mais aussi à un réel besoin opérationnel.

Quelles sont les raisons de ce partenariat ? Comment sont-ils parvenus à intégrer cette solution dans leur organisation ? Comment ont-ils convaincu leurs clients et les autres parties prenantes de s’engager ?

Nous avons interrogé Maxime Blanchet, directeur transport et Renaud Moy, responsable des opérations transport, pour comprendre leur vision sur cet engagement en faveur de la filière vélique.

Mixenn : Dans quelle démarche s’inscrit votre collaboration avec Grain de Sail ?

Maxime Blanchet : Depuis quelques années, nous réalisons un bilan carbone et depuis, nous activons des leviers de décarbonation divers sur l’ensemble de nos flux.

Sur le transport amont, nous avons recours au multimodal pour le post-acheminement en containers maritimes. Entre les entrepôts et les ports, nous activons de la barge et du rail autant que nous le pouvons.

Pour la distribution, sur certaines métropoles, que ce soit à Rennes pour le groupe Beaumanoir ou à Paris pour d’autres marques, nous activons des livraisons en véhicules à faibles émissions. Nous accompagnons l’un de nos sous-traitants dans l’installation d’une cuve HVO sur son parc. Dans l’est de la France, nous avons référencé un transporteur qui roule au B100. Nous sommes très incitatifs pour déployer des biocarburants. Nous savons également proposer à nos clients des livraisons en véhicules électriques sur certains codes postaux. Enfin, nous menons des actions visant à optimiser le taux de remplissage de nos colis pour minimiser l’empreinte carbone.

Pour consolider toutes ces actions, nous allons mettre en place un outil de reporting carbone qui nous permettra de mesurer l’empreinte CO2 de chaque colis que nous transporterons.

Comment êtes-vous parvenus à intégrer cette solution de transport maritime à la voile dans l’organisation de vos flux ? Quels ont été les freins que vous avez rencontrés et comment les avez-vous levés ?

Renaud Moy : Premièrement, je pense à un scepticisme, un défaut de visibilité de cette solution qui n’existait pas jusque-là. Quand nous sommes arrivés pour proposer cette solution, certains étaient peut-être plus aventureux et tentés par le fait d’écrire un nouveau chapitre. D’autres étaient plus sceptiques sur la réelle portée à long terme de cette solution.

Également, dans une stratégie de décarbonation, le volume global que représente la part transportée par des solutions véliques est relativement marginal.  Si nous voulons vraiment avoir un impact, pour certains, il semble logique de compléter ce dispositif, notamment en transférant un maximum de flux de l’aérien vers du maritime, même conventionnel.

Maxime Blanchet : Le choix des marchandises éligibles pour ce transport est important. En l’occurrence, sur ce flux, la décision a été prise d’appliquer la solution Grain de Sail aux retours (fin de saison, invendus…), car il y a moins d’urgence. A l’export, le choix s’est posé sur des articles ayant une rotation permettant des stocks tampons dans l’entrepôt régional à destination et donc plus de latitude sur le délai d’acheminement. Certaines marques font plutôt le choix de produits permanents (non soumis à la saisonnalité) parce qu’il y a moins d’urgence, il y a du stock de sécurité.

Renaud Moy : Coté délais, il y a peu d’impact pour notre client. Si nous comparons le flux maritime vélique au flux maritime conventionnel, finalement, porte à porte, c’est totalement indolore.

Il faut assumer que c’est peu de volume, que cela peut paraître symbolique pour le moment. Ces petits pas permettent à une filière de se développer.

Maxime Blanchet, directeur transport, C-log

Maxime Blanchet : Le transport maritime à la voile, en tout cas opéré par Grain de Sail, n’est pas plus long que du transport maritime conventionnel. Le temps de transit lui-même est plus long. Mais Grain de Sail a une capacité à pouvoir se mettre sur des ports secondaires : Saint-Malo en France, port Élisabeth aux États-Unis. De plus, ils ont une capacité à décharger eux-mêmes leurs marchandises. Une fois amarrés, ils ont une grue sur leur bateau et dans les 2 heures, ils commencent à décharger les palettes. Dans le transport maritime conventionnel, cela ne peut pas se faire. En fait, le temps perdu sur la traversée est regagné sur les opérations portuaires.

Ensuite niveau douane, c’est transparent. Ce qui pourrait poser problème, c’est la décomposition des tâches. Un acteur comme Grain de Sail propose le transit, le pré et post acheminement et aussi les formalités douanières. Ils ont la capacité de faire une offre intégrée.

Renaud Moy, responsable des opérations transport et Maxime Blanchet, directeur transport de la société C-Log devant le bateau Grain de Sail II.


Mixenn : Comment avez-vous convaincu vos clients de s’engager dans une solution nouvelle ? Comment avez-vous embarqué votre direction et vos équipes dans cette collaboration avec Grain de Sail ?
Maxime Blanchet : Le premier point, c’est la sécurisation de la marchandise. C’est une première inquiétude sur le côté hydrométrie et sécurisation. Nous avons été rassurés par une visite du bateau, par la démonstration du mode opératoire, sur le fait que la marchandise ne bougeait pas et était parfaitement calée. Il a fallu montrer la patte blanche sur le sujet.

Une industrialisation s’est opérée. Il y a 5 ans aucun acteur ne proposait cette solution, ou alors avec des vieux gréments, non compatible avec nos produits. Grain de Sail est passé sur une phase beaucoup plus professionnelle, ce qui nous permet d’anticiper de gros volumes.
Ensuite, comme l’a évoqué Renaud, vaut-il mieux faire un peu de Grain de Sail ou plutôt se concentrer sur le passage du fret aérien vers le maritime ? C’est un sujet qui est très mobilisateur pour l’entreprise, c’est valorisant ! Nous devions le considérer comme un POC (Preuve du Concept) où nous accompagnons la création d’une filière. Il faut assumer que c’est peu de volume, que cela peut paraître symbolique pour le moment. Ces petits pas permettent à une filière de se développer. C’est ce côté pionnier que nous avons mis en avant.

Ce projet il n’est pas économique, il ne s’agit pas gagner en performance supply. C’est un projet pour soutenir une filière durable.

Renaud Moy, Responsable des opérations transport, C-Log


Renaud Moy : c’est vraiment ça ! Il y a une dimension « rêve » dans ce sujet. Donc certains ont rêvé tout de suite dès que nous avons posé le sujet. D’autres, beaucoup plus « terre à terre » n’ont pas été embarqués par cette dimension « rêve ». Mais Grain de Sail a joué le jeu de la transparence et de la démonstration. Ils ont quand même une dizaine d’années d’expérience, certes sur des typologies de fret différentes. Mais ils maîtrisent les routes, ils maîtrisaient les solutions d’acheminement et l’étanchéité des moyens de transport.

Donc le navire Grain de Sail 2 est un nouvel outil de travail pour eux, mais la solution, ils l’avaient déjà et elle était largement étrennée. La nouveauté pour eux est plutôt qu’ils s’orientent vers une typologie de clients différente de ce qu’ils pouvaient pratiquer auparavant. Il y a une dimension volontariste de certains acteurs. Ce projet il n’est pas économique, il ne s’agit pas gagner en performance supply. C’est un projet pour soutenir une filière durable.