L’entreprise spécialisée dans la logistique du dernier kilomètre multiplie les énergies alternatives pour ses activités de logistique urbaine. Le GNV en fait partie et présente des avantages non négligeables. Rencontre avec Fabrice Marteaux, son dirigeant.
Breizh[Bio]GNV : Pouvez-vous nous en dire plus sur l’activité de votre entreprise ?
Fabrice Marteaux : Tout a commencé à Rennes il y a dix ans avec la création des « Triporteurs rennais ». « Les Triporteurs de l’Ouest » est aujourd’hui la holding qui chapeaute les activités menées sur Rennes, Nantes et Bordeaux. En complément, nous avons créé des licences de marque en commençant par Angers il y a deux ans. Nous avons depuis ouvert Saint-Malo en janvier 2018 et Strasbourg fin 2018.
« Les Triporteurs de l’Ouest » est une entreprise de transport spécialisée sur la livraison urbaine. L’idée est simple : nos clients (dont 90% sont des transporteurs) nous apportent leurs marchandises sur nos ELP (Emplacements de Livraisons de Proximité) en cœur de ville. Depuis ceux-ci, nous redistribuons ces marchandises à l’aide de triporteurs avec remorques, de véhicules électriques et d’utilitaires 3,5 tonnes au GNV. Notre activité est en grande partie tournée vers la livraison, y compris pour les commerçants du centre-ville et les administrations, mais aussi pour les particuliers. Nous réalisons aussi des enlèvements pour les transporteurs ou du ramassage de déchets. Nous avons notamment ainsi mis en place un service de collecte de palettes à destination des commerçants. Nous allons bientôt débuter l’enlèvement d’huiles usagées pour les restaurateurs. Nous avons une activité assez complète et des idées et des projets émergent régulièrement.
Breizh[Bio]GNV : Chaque entité est-elle libre de développer des solutions innovantes en fonction des territoires ?
Fabrice Marteaux : Les franchisés sont totalement indépendants et peuvent créer eux-mêmes de nouvelles options de transport. Pour Nantes, Rennes et Bordeaux, tout se décide à Rennes, où nous imaginons et testons les nouveaux projets. Ils sont ensuite dupliqués ailleurs.
L’intérêt de créer un réseau avec des licences de marque nous permet d’échanger entre nous sur des solutions innovantes et de communiquer ensemble auprès des transporteurs nationaux.
Breizh[Bio]GNV : Quelles ont été vos motivations pour passer au GNV ?
Fabrice Marteaux : Nous sommes spécialisés sur le transport de palettes et certaines peuvent aller jusqu’à 600 kg. Jusqu’il y a quelques années, faute de stations GNV, nous travaillions avec des véhicules diesel pour livrer les palettes de plus de 400 kg. En dessous, nous sommes capables de livrer en triporteurs ou en véhicule électrique. Au-dessus, il nous fallait, pour rester cohérent avec notre démarche écologique, trouver un outil capable de livrer des palettes de plus de 400 kg tout en étant respectueux de l’environnement.
Le GNV a ainsi intégré Les Triporteurs de l’Ouest il y a maintenant presque deux ans. Nous avons aujourd’hui un véhicule GNV sur Rennes, Bordeaux et Nantes. Nous pouvons aujourd’hui dire à nos clients transporteurs que nous pouvons livrer tous leurs colis, quel que soit le poids et en conservant notre démarche écologique.
Breizh[Bio]GNV : Quelles sont, pour vous, les avantages et les inconvénients de la solution GNV ?
Fabrice Marteaux : Economiquement, la solution est plus intéressante que le diesel. Les véhicules GNV sont aussi plus silencieux et plus respectueux de l’environnement. Sur Nantes, le GNV nous permet d’accéder à la zone à trafic limité (ZTL) à n’importe quelle heure. Là où un véhicule diesel va être bloqué en fin de matinée, les véhicules électriques et GNV peuvent accéder au centre-ville jusqu’à 18h (NDLR : A partir du printemps 2019, les véhicules propres pourront accéder au centre-ville de 4h à 23h).
Pour ce qui est des inconvénients, les stations d’avitaillement sont aujourd’hui régulièrement en panne, notamment sur Nantes et Bordeaux. La mise en place du SAV est très long. En tant que transporteur, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre une journée pour que ce soit réparé.
Parallèlement, la charge utile des véhicules est aussi moindre. Pour les véhicules de 3,5 tonnes, nous avons une charge utile de 600 kg, et même si nous avons une dérogation de 300kg, cela reste limité. Dès que les distances sont importantes, la pertinence des 3,5 tonnes au GNV devient moindre.
Enfin, diesel ou GNV, nous sommes tributaires des bouchons. L’emprise au sol d’un véhicule GNV est la même qu’un véhicule diesel. Nous avons les mêmes contraintes en termes de déplacements. Mais en termes d’écologie, nous sommes plus performants.
Breizh[Bio]GNV : Comment voyez-vous le développement du GNV dans votre entreprise ?
Fabrice Marteaux : Aujourd’hui, nous sommes à saturation en termes de surface disponibles sur nos ELP, notamment sur Rennes. Nous n’aurons donc pas la place pour intégrer d’autres véhicules GNV, hormis si nous trouvons des sites plus grand.
La prochaine étape sera plutôt de passer au bioGNV. Il serait à mon sens pertinent de créer un circuit court sur du bioGNV. En Bretagne, nous avons tout ce qu’il faut pour le développer, notamment la matière première. Nous ganerons en autonomie énergétique et en trajet de matières premières.
Breizh[Bio]GNV : Comment valorisez-vous la solution GNV auprès de vos clients ?
Fabrice Marteaux : Le prix des véhicules GNV reste assez élevé, même s’ils sont moins chers que leurs versions électriques. Nous ne sommes pas aidés financièrement sur cette démarche. Nous restons des acteurs privés essayant de travailler avec des outils plus à l’écoute de l’environnement et cela coûte cher. Expliquer cela à nos clients peut être un sujet assez délicat, mais certains nous suivent dans cette démarche et acceptent de payer plus cher. Aujourd’hui, nos clients sont de plus en plus à l’écoute.
Breizh[Bio]GNV : Quel est le retour de vos conducteurs ?
Fabrice Marteaux : Le GNV a beaucoup plu à nos conducteurs. En centre-ville, nous n’avons pas besoin d’avoir des motorisations très puissantes. Le confort des véhicules neufs a été apprécié des conducteurs.
Breizh[Bio]GNV : Quelle est pour vous la zone de pertinence économique du GNV ?
Fabrice Marteaux : Notre spécialité reste la livraison du dernier kilomètre. Nous faisons peu de kilomètres. A titre d’exemple, les véhicules GNV font 80 kilomètres par jour. Mais ils nous permettent de livrer plus gros, plus lourd et de mutualiser les palettes des transporteurs. La livraison en centre-ville n’est pas la zone de pertinence économique la plus évidente pour le GNV mais ça marche ! Il nous permet de garder notre démarche écologique, tout en assurant aux transporteurs de pouvoir livrer leurs palettes, quel que soit le poids.