La Région Bretagne a voté le premier volet de sa stratégie aéroportuaire qui doit permettre de coordonner le développement de l’offre aérienne et accompagner la nécessaire transition du mode. La décarbonation du secteur est une priorité.
Les modèles économiques des aéroports bretons, l’impact écologique et territorial de leurs activités sont actuellement fortement remis en cause (abandon du projet de Notre-Dame des Landes, réaménagement de l’aéroport de Nantes-Atlantique, interdiction des vols intérieurs sur les trajets disposant d’une alternative ferroviaire réalisable en moins de 2h30, « Green deal » de l’Union Européenne, crise Covid…).
Dans ce contexte, la Région Bretagne a engagé l’élaboration de sa stratégie aéroportuaire régionale, avec l’objectif d’une adoption définitive en 2024, pour une mise en œuvre qui doit s’échelonner jusqu’en 2040.
Au travers du premier volet voté en début d’année, la Région définit les objectifs stratégiques et les vocations de ses propres aéroports. Courant 2024, seront intégrées les vocations des autres aéroports et défini le cadre de coopération collectif à l’échelle régionale et interrégionale. Une stratégie dans laquelle la décarbonation est érigée au rang de priorité.
Du fret aérien sur Rennes et Brest
La Bretagne dispose actuellement de 9 plateformes appartenant à la catégorie des aéroports commerciaux, capables d’accueillir des aéronefs homologués pour l’aviation commerciale. Huit aérodromes complètent le maillage, dont celui d’Ouessant, qui bénéficie d’une liaison régulière avec l’aéroport de Brest. Enfin, le ministère des armées dispose de trois bases aéronavales, dont celle de Lorient-Lann-Bihoué, qui a la particularité de partager ses installations avec l’aéroport civil. La Région Bretagne est propriétaire des quatre aéroports de Brest, Rennes, Dinard et Quimper.
Les aéroports bretons combinent de nombreuses activités au service de leur territoire. C’est le cas des activités de sécurité civile et ses moyens héliportés sur les plateformes de Quimper et Lorient, de la sécurité incendie et le pélicandrome sur Vannes, le fret express aérien sur Rennes, l’industrie de maintenance aéronautique sur Dinard, Morlaix et Saint-Brieuc, la formation aux métiers de l’aéronautique à Morlaix, Dinard et Brest, sans oublier les activités de défense nationale sur Lorient, Rennes, et Vannes.
Les aéroports bretons traitent entre 10.000 et 12.000 tonnes de fret avionné chaque année, dont 95% sur la plateforme de Rennes, et 5% sur celle de Brest. L’aéroport de Rennes est le seul à proposer des services réguliers de fret avionné, avec deux grands atouts : sa localisation géographique privilégiée au carrefour des couloirs logistiques du Grand Ouest, et des infrastructures dédiées répondant aux standards internationaux. Elle est intégrée dans le réseau aérien cargo des messagers express internationaux comme UPS et Chronopost, et reliée quotidiennement au hub européen de Cologne/Bonn et à l’aéroport de Marseille.
Sur l’aéroport de Brest, l’activité fret a été délaissée pendant plusieurs années par manque de moyens adaptés. En se dotant récemment des équipements nécessaires, l’aéroport mise désormais sur des trafics de niche comme le transport d’animaux. L’aéroport a notamment affrété de nombreux vols charters transportant des porcs reproducteurs vers la Chine en 2021 et 2022.
La décarbonation en tête des priorités
D’après la stratégie, le secteur aérien breton se doit de relever 4 grands défis :
- L’adaptation aux mutations économiques du secteur aérien
- L’amélioration de l’accessibilité aux aéroports et leur intégration territoriale
- L’articulation avec l’aéroport de Nantes et l’offre TGV
- La nécessaire transition écologique
Parmi les priorités, la Région entend accueillir les compagnies les plus vertueuses et se conformer aux réglementations sur l’interdiction de certaines lignes aériennes. Les aéroports doivent stimuler indirectement la décarbonation des aéronefs par la mise en place d’éco-redevances incitatives récompensant les compagnies les plus vertueuses, et à l’inverse, pénalisant financièrement les compagnies peu enclines aux efforts. Ce système de bonus/malus doit être généralisé sur les aéroports bretons, et intégrer des paramètres clés comme l’efficacité énergétique des aéronefs, le taux d’utilisation de carburants durables, ou le taux de remplissage des avions. Ce type de redevance pourrait également être envisagé pour les aéronefs de fret se posant à Rennes et Brest.
Pour la Région, « d’ici à 2050, l’hydrogène va progressivement s’imposer comme un carburant durable particulièrement adapté aux mobilités lourdes, tels que les avions, les bateaux, et les poids-lourds. » Les aéroports peuvent devenir des hubs privilégiés de distribution, voire de production d’hydrogène renouvelable, au bénéfice des avions côté piste, mais aussi des poids-lourds côté ville. La Région Bretagne s’est récemment engagée à assurer dans ses ports, gares et aéroports, l’approvisionnement en hydrogène renouvelable, à travers l’adoption d’une feuille de route de déploiement de l’hydrogène à l’horizon 2030. La Région souhaite donc lancer des réflexions sur l’installation de stations de distribution d’hydrogène renouvelable. L’intégration des aéroports dans les réflexions actuelles pour le déploiement des infrastructures H2 sur les ports bretons sera encouragée, en premier lieu à Brest, en lien avec le projet européen REDII, récemment lancé sur le port de Brest.
Enfin, la Région accompagnera le déploiement des infrastructures de stockage et de distribution des carburants d’aviation durable. Les investissements à consentir sont potentiellement importants : réseaux et prises électriques, cuves dédiées aux SAF, e-fuels, et hydrogène, engins de pistes spécifiques… Ces infrastructures pourront bénéficier d’un soutien financier régional.