Imaginez un monde où les voitures électriques répondent aux usages des clients. Un monde où les batteries sont fiables et leur recyclage est organisé. Bienvenue en 2021 !
Renault vient d’annoncer la fin de la location des batteries pour l’achat de ses véhicules électriques. C’est la fin de la période de transition. Cela signifie que la marque a une meilleure vue de la fiabilité des batteries. Elle n’a plus besoin de rassurer ses clients avec la location de la batterie. Elle peut l’intégrer simplement dans les offres de Location Longue Durée (LLD).
> Plus d’info dans l’article Renault ZOE : la location batterie, c’est fini !
En parallèle, depuis 2011, la filière de collecte et de recyclage des batteries de véhicules s’est mise en place. Une seconde vie toute faite est trouvée aux batteries en fin d’usage pour les voitures : elles ont assez de puissance et de capacité pour être exploitées pour du stockage stationnaire. Les batteries endommagées sont, quant à elles, valorisées de 70 à 90% (la loi oblige + de 50 %).
Cette fin de transition ne signifie pas encore l’ère des voitures électriques. La transition traîne avec elle quelques casseroles.
Le mythe court toujours… celui des batteries non recyclables et non recyclées, enterrées ou envoyées dans une filière obscure à l’étranger… Pourtant, la valeur d’une batterie est bien dans ses composants et non dans sa capacité. C’est justement pour cette raison qu’une batterie usée reste idéale pour une réutilisation. Elle contient aussi beaucoup de matières précieuses. Donc rien que ne voudrait dévaluer un constructeur. Et une batterie s’écoule mal “sous le manteau” : on parle d’un bloc de 100 à 600 kg !
> Article très complet d’Automobile Propre sur le recyclage des batteries de voitures électriques
L’autre mythe – on peut même parler d’écran de fumée – vient des acheteurs eux-mêmes. Nous évaluons très mal les usages que nous avons de notre voiture. 77% des français font moins de 100 km par jour. Pourtant, nous avons pour la plupart la vision d’une voiture qui doit nous emmener en vacances à l’autre bout de la France. Et les vendeurs de voiture en concession ne sont pas aidants !
Qualimetrie explique que pour vendre un véhicule (surtout électrique), le vendeur doit explorer les besoins et usages du client. Cette étape précède l’annonce des caractéristiques techniques. Ceci permet de savoir répondre aux doutes ou aux “fausses” déceptions des acheteurs. Pourtant, ce n’est pas encore d’usage chez tous les vendeurs. Pire, les vendeurs sont moins formés sur les véhicules électriques, voire personnellement réticents à cette technologie. Enfin, l’essai d’un véhicule électrique est essentiel pour une personne n’ayant jamais conduit ce type de voiture. Il est pourtant moins souvent proposé que dans le cas d’un véhicule thermique.
> L’Argus pro détaille l’enquête Qualimetrie sur “Les enjeux de l’automobile en 2021”
La mécompréhension des usages ne semble pas venir seulement des consommateurs et des vendeurs.
Une actualité sur une batterie à recharge ultra-rapide est sortie. Des annonces comme celle-ci, on en voit passer tous les 3 à 6 mois. Elles sont publiées par des offreurs de technologie différents, toujours financés par des gros groupes. On se demande si les enjeux de marché sont réellement étudiés par ces acteurs :
- L’usage de la voiture, en général, est voué à changer. L’autonomie actuelle d’une recharge de batterie suffit aux trajets réguliers de la grande majorité.
- Les batteries à temps de charge rapide utilisent en règle générale des composants encore plus rares et plus polluants que les batteries actuelles. Quant à l’appel de puissance demandé sur le réseau électrique, il ne semble pas en cohérence avec une utilisation intelligente du réseau.
Ces annonces semblent surtout coller aux peurs des acheteurs d’aujourd’hui. D’où la nécessité d’une démarche pédagogique sur ce sujet. C’est dans ce sens que l’Europe veut pousser les stations services à afficher un tarif en euros par 100 km. Dans chaque pays, les prix sont basés sur les moyennes des voitures les plus vendues. D’après le gouvernement, cela donnerait 2,90 euros pour 100 km en électrique, 6,30 euros en gazole et 8,40 euros en SP95-E10. Cette mention indicative est un premier bon pas pédagogique pour une comparaison multi-énergie !