Décarboner sa supply chain
David Canard-Volland – Group Vp Supply Chain Management & Supply Chain Decarbonization – Clasquin
Les émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise peuvent être classées en Scopes 1 & 2 (émissions directes et énergie achetée) et Scope 3 (émissions sous-traitées, donc plus difficiles à maîtriser). 90% des émissions de la supply chain relèvent du Scope 3 (achats, transport, usage des produits). Le transport, bien que plus « petit » en poids d’émissions, est actionnable à court terme et donc prioritaire.
Méthodologie de décarbonation
- Mesurer les émissions pour cartographier les « gisements de carbone ».
- Identifier et combiner des solutions technologiques (ex : carburants alternatifs) et organisationnelles (ex : optimisation logistique).
- Calculer l’impact pour permettre aux entreprises de faire des arbitrages informés entre coûts, délais et émissions.
- Mesurer les émissions pour cartographier les « gisements de carbone ».
- Identifier et combiner des solutions technologiques (ex : carburants alternatifs) et organisationnelles (ex : optimisation logistique).
- Calculer l’impact pour permettre aux entreprises de faire des arbitrages informés entre coûts, délais et émissions.
Comparaison des modes de transport
pour un transport de 15 tonnes de marchandises entre Shanghai ➔ Rennes :
- Maritime : ~3 tonnes CO₂
- Train + Route : ~6 tonnes
- Route seule : ~22 tonnes
- Aerien + Maritime : ~79 tonnes
- Aérien pur : ~136 tonnes
Présentation des leviers actionnables
Décarboner en échangeant du carbone contre :
- Du délai : privilégier transport maritime/train au lieu d’aérien, avec allongement des délais mais grosses économies de carbone.
- Du coût : ex. choisir des trajets plus courts (via survol de la Russie) pour économiser du CO₂ mais parfois avec un coût financier plus élevé.
- De la complexité : création d’entrepôts locaux pour combiner rapidité de livraison et transport décarboné.
Exemples d’implémentations réussies
- Cas 1 : Un client initialement tout-aérien a réduit ses émissions annuelles de 23% en combinant maritime et aérien grâce à une segmentation intelligente des flux.
- Cas 2 : Un acteur automobile a optimisé ses consolidations portuaires (Anvers + Hambourg + Le Havre + Barcelone), réduisant de 18% son empreinte carbone grâce à une organisation multi-hubs.
Conclusion
Décarboner la supply chain, surtout via le transport, est possible rapidement !
Cela passe par des choix stratégiques (délai, coût, complexité), une bonne visibilité sur sa supply chain et un travail précis flux par flux.
Stratégies de décarbonation des compagnies maritimes
Simon Brunelle – Cross Sell Manager – CMA-CGM
Les leviers de décarbonation
Les compagnies maritimes déploient deux grandes stratégies pour décarboner leurs activités :
Réduction de la consommation énergétique des navires existants :
- Rétrofit technologique (modernisation) des flottes pour optimiser l’efficacité énergétique.
- Digitalisation des opérations (optimisation des routes maritimes via centres de contrôle).
- Investissements portuaires pour permettre la coupure des moteurs lors des escales (électrification des quais).
Augmentation de l’utilisation d’énergies bas carbone :
- Biodiesel/Biofuel pour les anciens navires (issus d’huiles de cuisson usagées ou de graisses animales).
- GNL (Gaz Naturel Liquéfié) pour les nouveaux navires, avec à terme un passage progressif au biométhane.
- Déploiement récent de navires au méthanol (alcool méthylique, carbinol, alcool de bois, naphte de bois ou esprit de bois) surtout sur de petites capacités.
- Recherche active sur de nouveaux carburants comme l’ammoniac et l’hydrogène (futur prometteur mais encore limité techniquement).
Autres Innovations et projets explorés
- Développement de cargos à voile (ex : partenariat avec Neoline).
- Déploiement de barges électriques (déjà actives au Vietnam, des projets pour l’Europe d’ici 2027-2028).
Les leviers pour les clients (chargeurs et transitaires)
Proposer des offres de décarbonation comme le programme ACT+ à la CMA-CGM :
- Attribution de « parts » d’énergies bas carbone consommées par CMA CGM.
- Certification indépendante (par Ernst & Young, KPMG, etc.) pour intégrer ces actions dans les bilans RSE des clients (Scope 3).
- Mise en place du Mass Balance Concept : attribution indirecte d’énergies bas carbone à n’importe quel fret client, même sur navires tiers.
Promouvoir et développer l’usage de modes de transport alternatifs à la route, comme :
- Le rail (train)
- La voie fluviale (barges)
Limites et défis actuels
La couverture reste limitée à certaines routes maritimes pour l’usage de carburants alternatifs. Il faut aussi tenir compte du coût élevé et de la disponibilité fluctuante des biofuels. Enfin il est nécessaire de rappeler que la collaboration avec fournisseurs d’énergie et clients est crucial pour accélérer la transition énergétique et atteindre les objectifs de décarbonation du transport maritime.
Point Focus : Le transport maritime à propulsion vélique
Timothée Terrier – chargé de mission – Wind Ship & Louise Chopinet – consultante – Vélic Consulting.
Le vent est considéré comme une solution énergétique gratuite et disponible, permettant de réduire la dépendance aux carburants fossiles dans un secteur où les besoins énergétiques sont énormes.
Les technologies disponibles
Les technologies actuelles de propulsion par le vent incluent des systèmes tels que
- les voiles classiques,
- les ailes d’avion adaptées pour les navires,
- des ailes gonflables (comme le projet Wizamo)
- des kites qui captent des vents à haute altitude.
Ces technologies sont utilisées pour diminuer la dépendance aux carburants fossiles, avec des gains d’efficacité énergétique de 5 à 80% selon les navires.
Une montée en puissance du secteur à l’échelle industrielle
L’industrie est en pleine évolution avec des usines spécialisées dans la fabrication de ces systèmes de propulsion :
- Solid Sail Mast Factory à Lanester,
- CWS à Saint-Nazaire,
- Oceanwings à Caen.
Plusieurs navires en exploitation ou en construction utilisent ces technologies.
Les offres disponibles ou à venir prochainement
- Intercontinentales : TOWT, Zéphyr et Boré, Grain de Sail, Néoline, Hisséo, Véla
- Projets de transport locaux et cabotage : Ecaux Ship, Orée Transport, EcoTrans Océan, Héol Shipping, Le caboteur des îles, Bourlingue & Pacotille
Conclusion
Les chargeurs jouent un rôle clé dans l’émergence de ces solutions en soutenant les nouveaux armateurs. Le transport à la voile permet de réduire les émissions de CO2 et contribue aux engagements environnementaux des entreprises.
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Le prochaine rendez-vous du parcours « achat décarboné »
Pour le prochain rendez-vous, nous allons explorer les bonnes pratiques pour l’achat d’énergie
- Achat de biogaz et infrastructures en Bretagne : Mécanismes, contrats et disponibilité des stations avec l’intervention de Charles DE LA MONNERAYE de BMGNV.
- Achat de B100 : Les différents types de contrats existants, leur durée, l’installation d’infrastructures et les consortiums possibles, ainsi que les avantages et inconvénients avec l’intervention de Raphaël BISCARAS de COC100.
- Achat d’électricité : Types de contrats, infrastructures, mécanismes, financement et planification avec Nadia GAUTREAU et Isabelle COMBASTEL d’EDF.
Cet atelier en ligne aura lieu le vendredi 6 juin de 10h30 à 12h.